Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/43

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« J’ai eu là une excellente idée ; les eaux de la ville donnent une pression plus que suffisante et voyez comme c’est simple. Je pourrai maintenant prendre tous les jours une douche sans sortir de chez moi, même deux, si cela me plaît. Certainement le bain, le tub, et surtout la douche sont ce qu’il y a de plus salutaires à l’homme. »

Et d’un ton très haut, mon maître ajouta : « Quand je pense que Flaubert n’a jamais voulu faire d’hydrothérapie, pas même de frictions ! C’est vraiment dommage ; il ne serait pas parti si jeune. Mais il n’a jamais voulu faire d’hygiène. Pensez ! il n’avait que soixante ans quand il est mort ; il était encore fort et vigoureux, et, nul doute qu’une douche, comme celle-ci, l’aurait prolongé. »

Quelques jours après, mon maître fit venir le tapissier pour poser des saints ; on les plaça dans la serre, un de chaque côté du Bouddha. Puis on acheva d’installer la tenture de cette pièce, qui communiquait avec la chambre à coucher. Les tentures mises comme portières empêchaient le jour de venir dans sa chambre et, comme il n’avait qu’une demi-fenêtre donnant sur une petite cour, il dit à Kakléter : « Vous avez très bien arrangé ma serre, c’est très joli ; mais je manque d’air dans ma chambre avec ces portières. Si je n’en mets pas, la nudité des vitres, me frappant sur les yeux la nuit, me fera mal. Je vais acheter une paire de rideaux joncs et perles, cela tamisera le jour et j’aurai plus d’air dans ma chambre. » Ainsi fut fait et Monsieur se trouva ravi de son installation.

Cette serre, sorte de petit jardin d’hiver où il y avait toujours des palmiers, des plantes et des fleurs, lui plaisait beaucoup ; il s’y tenait presque constamment ; là, il trouvait la clarté et le calme nécessaires pour composer