Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/49

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lant, fait tomber dans l’eau une main desséchée qui se trouvait sur le meuble. Mon maître dit en la grondant : « Comment, tu fais tomber dans mon bain la main de Shakespeare ? Oh ! la petite gamine !… » puis, me rendant cette main : « Essuyez-la bien et posez-la plus loin, afin qu’elle ne puisse plus la faire tomber… Maintenant, servez-moi mon thé dans la serre. »

Tout en déjeunant, Monsieur admirait le nouveau plafond ; il m’appela pour apprendre le maniement de l’appareil à gaz, ainsi que de l’appareil électrique servant à l’allumage. Il voulut les faire fonctionner lui-même deux ou trois fois. Il était content.

« Eh ! me dit-il, c’est très bien ! Tout marche à merveille. Les douze becs de gaz s’allument d’un seul coup. Le soir, je suis sûr que cela fera très bon effet. Du reste, ce plafond est très beau, les nuances sont très douces et charment l’œil. Et puis, il fera bien meilleur dans cette pièce avec ce plafond ; l’humidité, la fraîcheur du toit se trouveront isolées par ce plafond vitré où les douze becs de gaz se chargeront de chauffer et de sécher tout. Je mettrai aussi des toiles de Gênes pour cacher ce mur ; cette vilaine peinture disparaîtra, ainsi que cette tenture verte qui est très laide. Ainsi arrangée, cette serre deviendra un petit salon. Quand j’aurai du monde dans l’autre salon, vous ferez entrer ici ; une fois la porte de ma chambre fermée, cela formera un petit appartement séparé. »

Nous revenons à la salle à manger où se trouvent les caisses que mon maître m’a envoyées d’Italie ; tout est sur le dressoir. J’avais laissé la plupart de ces objets dans leur caisse pour que Monsieur pût constater comment ils avaient été mal emballés. On les avait enveloppés d’un simple bout de papier tout déchiré ; aussi tout était