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Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/108

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LA BARQUE


 
…. Frale barca
Mi trovo in alto mar senza governo.
PETRARCA. S. 88.








Mon œil rêveur suit la barque lointaine
Qui vient à moi, faible jouet des flots ;
J’aime à la voir déposer sur l’arène
D’adroits pécheurs, de joyeux matelots.
Mais à ma voix, nulle voix qui réponde !
La barque est vide, et je n’ose approcher.
Nacelle vagabonde,
A la merci de l’onde,
Pourquoi voguer sans rame et sans nocher ?

La mer paisible et le ciel sans nuage
Sont embellis des feux du jour naissant ;
Mais dans la nuit grondait un noir orage ;
L’air était sombre et le flot menaçant !…
Quand l’espérance, en promesses féconde,
Ouvrit l’anneau qui t’enchaîne au rocher,
Nacelle vagabonde,
A la merci de l’onde,
Pourquoi voguer sans rame et sans nocher ?
 
Oui, ton retour cache un triste mystère !
D’un poids secret il oppresse mon cœur.