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CHANT DE SAPHO AU BÛCHER D’ÉRINNE


Fragment du poème d’Erinne


 
Vous qui passez près de ce monument baigné de larmes, quand
vous descendrez chez Pluton, dites-lui : Dieu des enfers, que tu
es jaloux de la beauté !
ÉRINNE.








Heureuse, ô jeunes Lesbiennes,
La prêtresse du dieu des vers,
Dont les vierges Ioniennes,
Seules, inspirent les concerts !
Heureuse celle qui sommeille
Avant le moment où s’éveille
L’erreur, mère des longs regrets ;
Celle-là meurt digne d’envie,
Qui laisse après soi dans la vie
Des chants purs comme ses attraits.

Pleurez, vierges, pleurez la fille de la lyre
Qui redemande en vain d’un noble et pur délire
Le songe évanoui ;
Celle pour qui la honte à la gloire est unie,
Qui de tout son bonheur a payé son génie,
Et n’en a point joui ;