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Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/148

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Mes regards affligés ne vous connaitraient plus.
Qu’avez-vous ?…

BRUTUS.
                                  Moi ? je souffre ; un mal secret m’obsède.

PORCIA.
On vous verrait alors en chercher le remède :
Vous ne le faites point.

BRUTUS.
                                       Demeurez sans effroi.
Rentrez, ma Porcia, rentrez et laissez-moi.

PORCIA.
Vous malade !… Et je vois votre tète exposée
Aux brouillards malfaisants, à l’humide rosée !
Vous malade, Brutus, quand vous bravez sans peur,
Le corps demi-vêtu, cette impure vapeur !
Non, non, je le vois trop, le mal est dans votre âme,
Une part m’en est due et mon cœur la réclame ;
Donnez, donnez-la-moi ; pour l’obtenir de vous
Je saurai, s’il le faut, l’implorer à genoux.
Au nom de ma beauté que vantait l’Italie,
Au nom de vos serments, de ce vœu qui nous lie,
De mes titres sacrés, de ma tendre amitié,
Si ce n’est par amour, parlez-moi par pitié ;
Révélez vos secrets à celle qui vous aime ;
Parlez, que craignez-vous ? c’est un autre vous-même.
Quels sont ceux qui chez vous ont pénétré sans bruit ?
Ils semblaient redouter l’œil même de la nuit,
Et de sombres manteaux me cachaient leur visage !

BRUITS.
De grâce, levez-vous ; cessez un tel langage.

PORCIA.
Eh ! pourquoi me forcer vous-même à l’employer ?
Devrais-je être, Brutus, réduite à vous prier !
Si le sort à la vôtre a joint ma destinée,
Au plaisir de vos yeux il ne Ta point bornée ;