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L’ÉTOILE DE LA LYRE.

Nous comptons ces soleils, de la plaine éthérée
Ornement immortel !

Mais nous cherchons en vain le but dans leur carrière,
Une fin à leur cours, inégal ou constant,
Et pour nos yeux déçus cet amas de lumière
N’est qu’un voile éclatant.

La Grèce y lut du moins son histoire brillante ;
Et j’aperçois encor, près de ses demi-dieux,
Le fabuleux Dauphin, la Flèche étincelante,
Et l’Aigle radieux.

Toi que chérit surtout la nuit mystérieuse,
Sur son front azuré verse un plus doux rayon,
Toi qui brillas jadis, lyre mélodieuse,
Dans les mains d’Arion.

Alors, de la nature éloquent interprète,
Ton pouvoir animait le naissant univers,
Prêtait des bruits divins à la terre muette,
Peuplait les cieux déserts.

Alors tes nobles sons, en prodiges fertiles,
Rassemblaient les humains errants au fond des bois,
Aux champs béotiens faisaient surgir les villes,
Et leur donnaient des lois.
 
Reine de l’avenir et fille du génie,
La Lyre aux jeux de Mars appelait les guerriers,
Célébrait leurs exploits, et sa mâle harmonie
Dispensait les lauriers.

Haletant du triomphe, un athlète intrépide
Apparaît : épuisé de vingt combats divers,
Quels biens lui sont promis ? Les chants de Simonide
Et des feuillages verts.