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Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/161

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Le pâtre égaré dans la plaine,
Dont l’œil fasciné se promène
Sur ces brillantes visions,
Croit que des nuits la pâle reine
A laissé tomber sur l’arène
D’humides et tremblants rayons ;
Et si quelque note lointaine
De leurs mystérieux concerts
Lui parvient au souffle des airs,
En vain son oreille incertaine
Écoute ; elle entend seulement
Des rossignols le doux ramage,
Le bruit du sonore feuillage,
Ou de la brise du rivage
Le monotone sifflement.
 
Le barde cependant sur l’humide prairie
A surpris quelquefois la reine de féerie ;
De sa langue inconnue il a compris les sons,
Et seul a recueilli ses magiques chansons.

TITANIA.
Oh ! de ces verts gazons épaississez l’enceinte ;
Inclinez sur mon front ces touffes d’hyacinthe
Aux calices d’azur !
Que je puisse trouver sur ma couche de mousse
De suaves parfums, une ombre fraîche et douce,
Un sommeil calme et pur !

Prenez vos armes d’or, tandis que je repose :
Que l’insecte caché dans le bouton de rose
Expire sous vos coups ;
Dépouillez de la nuit les peuplades fidèles,
Pour qu’en légers manteaux le crêpe de leurs ailes
Voltige autour de vous !

Que l’une de vos sœurs sur moi veille dans l’ombre ;
Mais avant toutefois d’aller dans la nuit sombre