Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/47

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Aux regards de Précy, qu’alarme un tel revers,
Laurençon et Dujast soudain se sont offerts.
Ses vœux seront comblés. D’une audace naissante
L’ardeur a coloré leur joue adolescente :
Rien ne les intimide ; ils sont dans l’âge heureux
Où l’âme encore ouverte aux pensers généreux
Méconnaît les périls et ne voit que la gloire.
Des périls ? Les tiens seuls vivent dans leur mémoire,
O Lyon, et pour toi, fiers d’exposer leurs jours,
Ils bravent les conseils, dédaignent les secours.
Impatiens d’agir, l’instrument de ravage
Qu’un démon destructeur inventa dans sa rage,
Le tube incendiaire, au vol fatal et prompt,
Sous un étroit lien presse leur jeune front :
Tous deux plongent au fleure, et, d’un bras intrépide,
L’un et l’autre à l’envi fendent son cours rapide.
Leurs amis cependant, les larmes dans les yeux,
Tremblants d’avoir reçu leurs éternels adieux,
Écoutent sur la rive, immobiles et sombres,
Chacun des bruits légers qui traversent les ombres ;
Et tons, malgré la nuit, sur le fleure penchés,
Tiennent au bord lointain leurs regards attachés.
Soudain un feu rougeâtre a coloré la nue,
Et des deux tout à coup embrase l’étendue ;
Le succès est certain, et les jeunes héros,
Fiers d’avoir réussi, s’élancent dans les flots,
Bravent du plomb mortel l’atteinte meurtrière,
Et touchent triomphants la rive hospitalière.
Lyon avec transport les a revus tous deux ;
Et quand sa main offrait à ces fils généreux
Le prix où leur valeur avait droit de prétendre,
D’elle ils n’ont accepté qu’un fer pour la défendre.
Mais à leurs simples noms désormais est lié
Ce noble dévoûment qu’eux seuls ont oublié.
Ah ! si ma faible voix les pouvait tous redire,
Que de faits glorieux animeraient ma lyre !
De tant de citoyens, vain-et sublime effort,