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Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/50

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LE DERNIER JOUR DE L’ANNÉE[1]


 
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
ALPH. DE LAMARTINE.




Déjà la rapide journée
Fait place aux heures du sommeil,
Et du dernier fils de Vannée
S’est enfui le dernier soleil.
Près du foyer, seule, inactive,
Livrée aux souvenirs puissants,
Ma pensée erre, fugitive,
Des jours passés aux jours présents.
Ma vue, au hasard arrêtée,
Long-temps de la flamme agitée
Suit les caprices éclatants,
Ou s’attache à l’acier mobile
Qui compte sur l’émail fragile
Les pas silencieux du temps.
Un pas encore, encore une heure,
Et l’année aura sans retour
Atteint sa dernière demeure ;
L’aiguille aura fini son tour.
Pourquoi, de mon regard avide,
La poursuivre ainsi tristement,

  1. Pièce couronnée aux Jeux Floraux