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Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/64

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LA POÉSIE

À mademoiselle M.-A. Nodier


 
Enivrons-nous de poésie
..............................
Elle est un reste d’ambroisie
Qu’aux mortels ont laissé les Dieux.
BERANGER



Déjà tu la connais, tu grandis sous son aile,
Jeune enfant aux yeux noirs ; demeure-lui fidèle :
Les fils de l’Hélicon, de leurs plus doux accords,
A tes heureuses mains ont livré les trésors.
Mais toi, brillant rameau d’une tige choisie,
Féconde, et dès long-temps chère à la poésie,
N’as tu point entendu ses accents immortels ?
N’as-tu point en secret encensé ses autels ?
Oh ! que son culte est pur, que sa voix est puissante,
Quand elle instruit tout bas une muse naissante !
Alors l’ardent espoir d’un succès incertain,
Ou l’inquiet souci d’un avenir lointain,
Sont ignorés encore ; et l’âme qu’elle inspire
Est émue ou calmée au seul son de la lyre.
Tout lui parle, la touche, et fait naître ses chants,
Le réveil d’une fleur, parure de nos champs,
La plainte d’un oiseau, sous l’ombrage égarée,
Les feux tremblants, épars dans la voûte azurée,
Et 1’automne, où la terre est prête à s’assoupir,