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Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/67

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De mes ennuis jeu bizarre et futile !
J’interrogeais chaque débris fragile
Sur l’avenir ;
Voyons, disais-je à la feuille entraînée,
Ce qu’à ton sort ma fortune enchaînée
Va devenir ?

Un seul instant je l’avais vue à peine,
Comme un esquif que la vague promène,
Voguer en paix :
Soudain le flot la rejette au rivage ;
Ce léger choc décida son naufrage…
Je l’attendais !…

Je fie à l’onde une feuille nouvelle,
Cherchant le sort que pour mon luth fidèle
J’osai prévoir ;
Mais vainement j’espérais un miracle,
Un vent rapide emporta mon oracle
Et mon espoir.

Sur cette rive où ma fortune expire,
Où mon talent sur l’aile du Zéphire
S’est envolé,
Vais je exposer sur l’élément perfide
Un vœu plus cher ?… Non, non, ma main timide
A reculé.

Mon faible cœur, en blâmant sa faiblesse,
Ne put bannir une sombre tristesse,
Un vague effroi :
Un cœur malade est crédule aux présages ;
Ils amassaient de menaçants nuages
Autour de moi.

Le vert rameau de mes mains glisse à terre :
Je m’éloignai pensive et solitaire,