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Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/89

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Guidait ses archers intrépides,
Le vol de leurs flèches rapides
Ne saurait effleurer ces tours.

Dormez, noble dame, dormez !
Les murs gardés font les nuits sans alarmes ;
Laissez veiller vos hardis hommes d’armes,
Et ceux que vos yeux ont charmés.

Cinq cents chevaliers valeureux
Font circuler la coupe dans vos salles,
Vos vassaux dix fois plus nombreux
Secondent leurs armes loyales ;
Qui pourrait contre leurs désirs
Troubler les songes de leur belle,
Hors la cloche de la chapelle
Ou le doux bruit de leurs soupirs ?

Dormez, noble dame, dormez !
Les murs gardés font les nuits sans alarmes ;
Laissez veiller vos hardis hommes d’armes,
Et ceux que vos yeux ont charmés. »


Loïse alors se tut, et sa maîtresse
Avec effort soulevant sa paresse,
D’un bras de neige entr’ouvrit ses rideaux,
Et soupira : « Malgré ces forts créneaux,
Ces bons archers, ces nombreux hommes d’armes
Et les vaillants dévoués à mes charmes,
Un ennemi s’est glissé jusqu’à moi !
— Dieu ! s’écria Loïse avec effroi,
Quel est son nom ?... » Et respirant à peine
Elle écoutait ; mais de la Châtelaine
Un doux sommeil avait fermé les yeux ,
Et du rideau quittant les plis soyeux