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MON ROYAUME.


Ne croyez pas ma puissance exposée
À se briser dans ses vouloirs mouvans,
Comme un drapeau qui flotte au gré des vents ;
À son caprice une borne est posée.
Oui, j’obéis, non au joug qu’on me tend,
Mais à la loi par moi-même imposée :
Combien de Rois n’en diraient pas autant ?

J’ai mon spectacle, et souvent s’y déploie
Un drame sombre, ou fantasque, ou riant ;
Chants d’Italie et luxe d’Orient,
Fleurs et parfums, murs d’or, tapis de soie :
Fête où jamais nul ennui ne m’attend,
Où nul impôt n’a dû payer ma joie !…
Combien de Rois n’en diraient pas autant ?

Qu’on ait vécu sous le marbre ou le chaume,
Au même but nous arrivons, hélas !
Rois et sujets, il faut, plus ou moins las,
Tomber aux pieds de l’éternel fantôme.
Mais quels regrets me suivraient en partant,
Sûre, avec moi, d’emporter mon Royaume ?
Est-il un Roi qui puisse en dire autant ?