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FANTAISIE.

Si, du milieu d’un tourbillon de cendre,
En pétillant, quelque beau salamandre,
De mon foyer s’élançait radieux !…

Si, tout-à-coup, dans la nuit pluvieuse,
Des gouttes d’eau la chute harmonieuse
Me révélait un être intelligent ;
L’esprit des eaux, esprit au doux murmure,
Mêlant aux flots la verte chevelure
Que sur son front presse un réseau d’argent !…

Si les soupirs des vents et des tempêtes,
Sombres concerts, mugissant sur nos têtes,
Étaient la voix des puissances de l’air !
Sylphes légers, qui volent sur la brise,
Laissant au loin flotter leur mante grise,
En plis obscurs, d’où s’échappe l’éclair !…

Oh ! qu’à mes vœux une force brûlante
Fraîrait alors une route moins lente !
Que de doux bruits passeraient dans mes vers,
Bruits fugitifs, nés de l’empire humide !
Comme soudain quelque souffle rapide
M’emporterait au bout de l’univers !…

Toi, terre, hélas ! qu’attendre de tes gnomes,
Nains malfaisans, hideux semblant des hommes !…
Taisons des vœux qu’ils n’exauceraient pas.
Il n’est pour moi, dans leurs trésors sans nombre,
Qu’un don, un seul ! La fosse étroite et sombre,
Incessamment béante sous nos pas !