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LAFAYETTE.

Providence de Dieu, sois à jamais bénie,
Ô toi qui promis tout à qui sait tout quitter,
De tenir une fois ta promesse infinie,
Pour que ta créature y pût toujours compter !
Des dons que tu nous fais, pour compléter la somme,
Tu permets aujourd’hui que ce nom d’honnête homme
Des deux moitiés du monde, en écho répété,
Ait suffi pour fonder une immortalité.

Honnête homme ! ce mot étranger à la lyre,
Ne provoquera plus un dédaigneux sourire,
Grace à ce noble appui, dont l’éclat protecteur
Lui rendit tout son lustre et toute sa hauteur !

D’un pas toujours égal, sur un chemin pénible
Marcher, l’âme sereine et le front impassible,
Dans un mépris commun, en face du devoir,
Envelopper la mort, l’argent et le pouvoir ;
Comme l’astre immobile, où s’incline le globe,
Même alors qu’un nuage à nos yeux le dérobe,
Inébranlable au poste où l’honneur l’appela,
À toute heure et par tous faire dire : Il est là !
Puis, après tant d’efforts, batailles acharnées,
Non d’un jour, ni de trois, mais de quarante années,
Vainqueur, sacrifier, au terme de ses jours,
Jusqu’au rêve doré, ses premières amours ;
S’être vu par deux fois, objet d’idolâtrie,
Salué par les cris d’une double patrie ;
Si l’orgueil est permis, c’est là qu’il vous attend ;
Qu’en dites-vous, jeunesse ?… Il n’en eut pas pourtant !