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Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/50

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PEAU-D’ÂNE.

» — J’entends sortir sans fin de bouches enflammées
» Qui fatiguent le ciel de leurs noires fumées
» Le souffle haletant du monde pélerin ;
» J’entends grincer le fer, j’entends bouillonner l’onde ;
» J’entends l’air qui gémit, et la vapeur qui gronde
 » Dans sa prison d’airain.

» J’entends pour tous soupirs, les soupirs du génie,
» Quand il doute de lui dans ses nuits d’insomnie,
» Et ces soupirs sans nom, inavoués, amers,
» Mal d’esprits incomplets et d’impuissantes âmes,
» Hommes aux vœux flottans, ou faibles cœurs de femmes,
 » Las en vain de leurs fers !

» — Lune, ma blanche sœur, il est beau de t’entendre !
» Pourtant qui veut savoir, à pleurer doit s’attendre :
» J’ai peur, à regarder les choses que tu vois !
» Ainsi, quand le réel avec le jour se lève,
» L’âme souffre au réveil à s’arracher d’un rêve
 » Doux et triste à la fois ! »