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PEAU-D’ÂNE.

Mit son jupon chamarré de dentelle
En falbalas, et son corset d’argent ;
Comment, pétris par cette main divine
Les œufs, le beurre et la fleur de farine
Firent honneur à son art diligent.

Mais je crains bien que ce siècle maussade,
Pour son gâteau délicat et doré,
N’ait moins de goût que l’amoureux malade,
Qui se jeta sur le mets désiré :
Même, en mangeant avec trop de vitesse,
Faillit, dit-on, s’étrangler Son Altesse :
L’amour goulu quelquefois est fatal ;
Car dans la pâte, exprès, dit un bruit vague
L’infante avait laissé glisser sa bague :
Du prince épris elle empira le mal.

Sa fièvre croit de son impatience.
Mandé soudain, le docteur de la cour,
Puits de sagesse, oracle de science,
Dit que le prince est malade d’amour.
Bientôt du roi les plaintes solennelles,
S’aidant encor des larmes maternelles,
Du bel objet sollicitent le nom.
« — Eh bien ! voyez cette bague mignonne :
J’épouserai sans faute la personne
Qui la peut mettre. » — On n’osa dire non.

Il fait beau voir, à ce bruit, les princesses,
Dit le conteur, s’aménuiser les doigts ,