Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/407

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Eh bien, les faits sont là ; et, lors même qu’on ne saurait pas aujourd’hui le voyage à Cologne avant le Congrès, l’entrevue du 22 septembre avec l’émissaire de Findel, la leçon faite au docteur Gratzfeld, la fréquentation notoire des gens de la rue Cadet au restaurant du boulevard Montmartre, les cent mille francs, les banquets des deux Loges chez le docteur, la présence frauduleuse au Congrès de Trente du délégué du Grand Orient de France, surveillant la bonne exécution de la manœuvre, lors même qu’on ignorerait tout cela, l’évidence crie : Cet homme est un traître, cet homme s’est vendu !

Le numéro de la Volkszeitung parut à Cologne le 13 octobre ; le journal prussien ne se trouve en dépôt nulle part à Paris, notez-le bien. Le numéro du 13 octobre a donc été envoyé tout exprès au docteur Bataille ; car il répondit par retour du courrier, — si même l’article ne lui avait pas été communiqué d’avance ou si la réponse n’était pas déjà à Cologne quand le numéro du 13 s’y imprimait.

Froidement, sans sourciller, de la plume la plus tranquille, cet homme qui, trois mois auparavant, était le vice-président d’une société catholique (la Société des Sciences psychiques : président, M. l’abbé Brettes, chanoine de Notre-Dame de Paris) ; cet homme, le docteur Bataille, écrivit la stupéfiante lettre que voici :


Paris, le 14 octobre 1896.
Monsieur le rédacteur en chef de la Volkszeitung, à Cologne.

Je ne possède malheureusement pas assez bien la langue allemande pour pouvoir traduire mot à mot l’article de votre journal : « Miss Diana Vaughan sous sa véritable forme », et dans lequel mon nom est cité à différentes reprises. Cependant, je crois avoir compris que vous posez les points suivants :

1° Je serais l’auteur de l’ouvrage leDiable au XIXe Siècle, sur la Franc-Maçonnerie, signé « Docteur Bataille ».

2° Un de mes livres, le Geste, aurait paru sous mon nom et donnerait très nettement mes opinions religieuses vraies et mon sentiment à l’égard de la religion catholique, dans un chapitre : « le Geste hiératique », opinions qui seraient diamétralement opposées aux assertions de Bataille dans le Diable au XIXe Siècle.

3° Vous dites que j’ai quitté ma carrière pour ne plus m’occuper que d’histoires du diable, antimaçonniques, et que j’étais associé avec des gens qui se couvrent de mon nom et de mon argent pour continuer la campagne que j’ai commencée dans le Diable au XIXe Siècle.

Dans des cas pareils, la loi française nous autorise à répondre et contraint le journal incriminé à une insertion comprenant le double de l’espace occupé par l’article accusateur.

Je ne sais s’il en est de même en Allemagne. Je m’adresse donc à votre impartialité.

1° Je ne suis pas l’auteur, mais simple collaborateur du Diable au XIXe Siècle, et je n’ai contribué qu’à une très petite partie du premier volume. Quand j’eus cessé ma collaboration, je ne me suis plus occupé de l’œuvre et ne revendiquai donc aucun droit d’auteur ou autre. Je n’ai jamais écrit une ligne pour la Revue Mensuelle ou autres brochures ou journaux parus depuis. Le pseudonyme « Docteur Bataille » ne m’appartient donc pas.

2° Le volume le Geste est bien de moi et renferme mes pensées véritables sur la religion, particulièrement sur la religion catholique, que j’accable de mon plus complet mépris.

3° Comme depuis des années je ne collabore en aucune manière, ni directe ni