Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/131

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quent de façon à n’être compris que des lecteurs qui ont la clef. Or, sur la question des évocations, il leur est fort difficile de prendre la tangente, de voiler la vérité satanique sous des phrases à double sens ; sous peine de paraître des imposteurs, il leur faut dire quelque chose, ils ne peuvent pas se taire.

Alors, comment se tirent-ils d’embarras ?

Tout simplement, en donnant un procédé d’évocation, qui n’est pas celui qu’ils emploient eux-mêmes, mais qui conduit tout droit à l’hallucination le lecteur assez imprudent pour s’en servir. Celui-ci croira avoir vu, et il pensera n’avoir pas été trompé par l’auteur magicien.

Et comme on pourrait dire que j’accuse sans preuve, je demande au public qui me lit la permission de lui citer un important extrait d’un ouvrage, essentiellement satanique d’inspiration, le Rituel de la Haute Magie, dont l’auteur est le F∴ Constant, prêtre apostat, chevalier Kadosch, ami intime du F∴ Ragon, et le chef d’un groupe luciférien chez lequel le F∴ Walder recruta les premiers adeptes nécessaires à la constitution du Palladisme en France.

Voici donc en quels termes s’exprime le F∴ Constant :

« La mort est un fantôme de l’ignorance ; elle n’existe pas. Tout est vivant dans la nature, et c’est parce que tout est vivant que tout se meut et change incessamment de forme.

« La vieillesse est le commencement de la régénération ; c’est le travail de la vie qui se renouvelle, et le mystère de ce que nous appelons la mort était figuré chez les anciens par cette fontaine de Jouvence où l’on décrépit et d’où l’on sort enfant.

« Le corps est un vêtement de l’âme. Lorsque ce vêtement est complètement usé ou gravement et irréparablement déchiré, elle le quitte et ne le reprend plus. Mais lorsque, par un accident quelconque, ce vêtement lui échappe sans être usé ni détruit, elle peut, en certains cas, le reprendre, soit par son propre effort, soit avec l’assistance d’une autre volonté plus forte que la sienne.

« La mort n’est ni la fin de la vie ni le commencement de l’immortalité ; c’est la continuation et la transformation de la vie.

« Or, une transformation étant toujours un progrès, il est peu de morts apparents qui consentent à revivre, c’est-à-dire à reprendre le vêtement qu’ils viennent de quitter. C’est ce qui rend la résurrection une des œuvres les plus difficiles de la haute initiation. Aussi le succès n’en est-il jamais infaillible et doit-il être regardé presque toujours comme accidentel et inattendu.

« Pour ressusciter un mort, il faut resserrer subitement et énergiquement la plus forte des chaînes d’attraction qui puissent le rattacher à la forme