Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/172

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victimaire), de libations, de jeunes gens revêtus de magnifiques robes blanches, symbole de la pureté de leur cœur ; mais tout cela n’était qu’un beau songe. J’arrive dans le temple, et je n’y trouve pas une victime, pas un gâteau, pas un grain d’encens. J’en suis étonné ; je crois pourtant que les préparatifs sont au dehors, et que, par respect pour ma qualité de souverain-pontife, on attend mes ordres pour entrer. Je demande donc au prêtre ce que la ville offrira dans ce jour si solennel. « Rien, me répondit-il, voilà seulement une oie que j’apporte de chez moi ; car la ville n’a rien offert aujourd’hui. »

On comprend le courroux de Julien : il fit « purifier » le lieu et transporter les restes de saint Babylas dans l’intérieur d’Antioche. Le lendemain, le temple de Daphné et la statue d’Apollon furent réduits en cendres par le feu du ciel. On appliqua les prêtres du dieu à sa question, ainsi qu’un grand nombre de chrétiens : « Pour moi, ajoute Julien, j’étais persuadé qu’Apollon avait abandonné ce temple. La première fois que j’y entrai, la statue me le fit connaître tout d’abord. Si quelqu’un refuse de m’en croire, je prends le Soleil à témoin de ce que j’avance. »

Sous prétexte de venger la majesté d’Apollon, Julien fit piller la principale église d’Antioche et enlever les vases sacrés.

Julien rencontra encore le bras du Galiléen, lorsqu’il essaya de relever le temple de Jérusalem ; des flammes sortirent de terre et consumèrent matériaux et ouvriers.

Malgré tous ses efforts et le concours de l’enfer, la grande entreprise de Julien échouait piteusement ; il n’avait fait que galvaniser un cadavre.

Il voulut alors chercher une consolation à son échec en se jetant dans une vaste entreprise guerrière contre la Perse ; il brûlait de joindre le surnom de Parthique à ses anciens trophées des Gaules. Il comptait, pour le succès de cette guerre, sur le secours de ses dieux. Entraîné par la fougue de son caractère et les funestes conseils de Maxime, il ne connut pas d’obstacles, jusqu’à ce que, s’étant avancé au delà du Tigre, dans un pays changé par les Perses en un désert, après une bataille gagnée sur l’ennemi qu’il s’acharnait à poursuivre, il fut atteint par un javelot parti d’une direction inconnue, et mourut de sa blessure vers le milieu de la nuit du 26 au 27 juin 363, remplissant sa main de son sang, qu’il lança contre le ciel en poussant ce cri de rage : « Tu as vaincu, Galiléen ! »

Peu de temps auparavant, étant à Corres, Julien, au témoignage de Théodoret, qui résidait près de cette ville, s’était introduit secrètement dans le temple de la Lune, et lui avait immolé une femme « qui fut trouvée, après le départ de Julien, suspendue par les cheveux, les mains étendues, le ventre ouvert. » Julien avait fouillé ses entrailles pour y chercher des augures de sa victoire sur les Perses.