Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/176

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Je ne veux, du reste, étudier ici le spiritisme que comme la pratique diaboliquement raffinée de la nécromancie en dehors des triangles, mise à la portée de tous et présentée par les initiés sous des formes séduisantes qui la rendent d’autant plus dangereuse et plus redoutable pour quiconque tient à mettre sa foi à l’abri des atteintes de Satan,

Le spiritisme, tel que l’intitulent ses adeptes non lucifériens, est à la fois un ensemble de pratiques magiques tendant à évoquer les âmes des morts, et une doctrine très nettement formulée, quand on est parvenu à la dégager des semblants de christianisme qu’elle affecte de revêtir ; en d’autres termes, c’est un ensemble de phénomènes diaboliques, et une religion, qui ne peut être que diabolique, comme les faits prodigieux sur lesquels elle s’appuie.

Je vais donc exposer ici : 1° les principaux phénomènes de nécromancie produits par le spiritisme diabolique ; 2° la doctrine que ces phénomènes tendent à faire prévaloir surtout contre l’enseignement de l’Église.


A. — principaux phénomènes du spiritisme diabolique


Je n’ai pas, bien entendu, la prétention de retracer ici l’histoire complète du spiritisme ; cette histoire a été faite et refaite à tous les points de vue ; un volume, du reste, ne suffirait pas pour relater les faits innombrables qui remplissent les journaux et revues spirites ou spiritualistes (ces deux mots, pour les adeptes de la nouvelle religion, sont devenus synonymes), publiés depuis bientôt un demi-siècle dans les deux mondes.

Ces faits, du reste, pour être admis comme preuves authentiques de l’intervention infernale ont besoin d’être passés au creuset de la critique ; car il est arrivé plus d’une fois que les faits en apparence les plus certains, le mieux appuyés sur des témoignages d’une autorité réputée irrécusable, se sont-trouvés démentis et convaincus de fausseté et d’imposture. Je n’en veux citer qu’un exemple fameux dans l’histoire du spiritisme, et qui prouve mieux qu’aucun autre combien il faut se défier, en cette matière, des autorités les plus respectées et les plus respectables.

Il n’y a pas d’homme dont le témoignage ait été invoqué en faveur de la réalité des prodiges spirites avec plus de confiance et d’unanimité que M. Crookes, le grand physicien et chimiste anglais, l’inventeur du Thallium, l’auteur renommé de mille autres découvertes scientifiques. Du jour où M. Crookes admit, après mûr examen, les phénomènes spirites comme indéniables, il y eut, dans tout le monde spirite, un cri de triomphe ; après une telle adhésion, les plus ridicules supercheries durent être acceptées comme articles de foi ; il paraissait impossible qu’un tel homme, habitué aux plus minutieuses analyses, aux plus délicates expériences, pût se tromper, quand il s’agissait de faits visibles et tangibles, faciles à constater et à vérifier, et