Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/181

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« Notre famille, dit-elle, était vraiment médiumnistique et nous obtînmes bientôt d’étranges phénomènes, plus effrayants qu’agréables. Les deux premières années, j’éprouvai une espèce de possession. Durant ce temps, je développai complètement mes pouvoirs clairvoyants ; mais avant d’être totalement maîtresse de mes facultés, j’eus considérablement à souffrir. Je tombais en transe et j’étais possédée de temps en temps par l’esprit de ma mère.

« Dans une de ces crises d’état inconscient, mon frère baignait ma figure, pour me faire revenir à moi, quand la voix de ma mère se fit entendre avec calme : « Laisse-la ; elle n’est point évanouie. »

Son frère, effrayé des phénomènes qui se produisaient dans la maison, eut le courage de se soustraire à cette espèce de possession et renonça au spiritisme.

— Une madame Blavatsky[1], dont j’aurai occasion de parler plus amplement dans la seconde partie de ce chapitre.

Mais de tous les médiums qui se sont fait un nom dans ce siècle, un surtout mérite que nous nous arrêtions plus longuement à lui, parce qu’il semble véritablement un privilégié, un enfant gâté de Satan, par le nombre et la variété des prodiges de nécromancie qu’il lui a plu d’opérer par son intermédiaire. Il nous sera donné d’étudier dans l’écossais Daniel Dunglas Hume ce qu’est capable de produire, en fait de surnaturel, en notre siècle, la puissance satanique, dans le milieu mondain.

Daniel Dunglas Hume naquit à Édimbourg dans le mois de mars 1833. Sa mère était une voyante, douée de ce qu’on appelle « la seconde vue ». Adopté par sa tante, il l’accompagna à l’âge de neuf ans en Amérique. S’il faut l’en croire, les phénomènes merveilleux dont il fut favorisé se manifestèrent dès sa première enfance ; son berceau était souvent balancé, « comme si quelque esprit tutélaire eût veillé sur son sommeil ».

Dès l’âge de quatre ans, au témoignage de sa tante, il eut une vision relative aux circonstances qui accompagnèrent la mort d’une de ses cousines. La première vision dont il se souvint eut lieu à l’âge de treize ans. Il la raconte ainsi lui-même :

« Ma santé délicate me défendait alors les jeux auxquels se livraient les enfants de mon âge ; quelques mois avant, je m’étais lié avec un garçon plus âgé que moi de deux ou trois ans, et dont la nature ressemblait assez à la mienne. Nous avions l’habitude de lire la Bible ensemble, et un jour, au mois d’avril, comme nous venions d’achever notre lecture, qui avait lieu dans les bois, tout entiers l’un et l’autre à la contemplation muette des splendeurs d’une végétation naissante, mon ami se tourne vers moi et me dit : « Oh !

  1. J’ai fait figurer plus haut les portraits de ces trois femmes médiums, qu’il est impossible de ne pas compter parmi les victimes du satanisme. (Voir pages 145 et 153.)