Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/199

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plus sévère qu’il pût infliger, d’être acteur ou même témoin de ces scènes dangereuses et quelquefois criminelles.

« Un jour, le malheureux médium, obsédé par je ne sais qui, homme ou démon, vint à manquer à sa promesse ; il fut repris avec une vigueur qui le terrassa ; survenant alors, par hasard, je l’ai vu se rouler à terre et se tordre comme un ver aux pieds du prêtre saintement courroucé.

« Cependant, le Père, touché de ce repentir convulsif, le relève, lui pardonne et le congédie après avoir exigé cette fois, par écrit, une promesse sous la foi du serment. Mais il y eut bientôt une rechute éclatante, et le serviteur de Dieu, rompant avec cet esclave des esprits, lui fit dire de ne plus reparaître en sa présence. »

Après ce récit, qui porte en lui-même la marque infaillible de la plus complète véracité, il serait superflu d’insister sur les rapports de Hume avec le P. de Ravignan. Bien que le magicien converti lui eût affirmé qu’il n’invoquait pas les esprits, le P. de Ravignan était trop instruit des choses de la foi pour ignorer qu’il y a avec le démon des pactes implicites, dont il suffit de remplir les conditions matérielles pour que les effets s’ensuivent. Aussi, quand son pénitent lui exprimait hypocritement sa crainte de voir se reproduire les manifestations, spirites à l’époque fixée par les esprits, le saint prêtre lui assurait-il que, maintenant qu’il était membre de l’Église, ce pouvoir ne lui reviendrait plus.

Hume, du reste, n’avait pas eu le courage d’attendre même l’époque fixée par les esprits pour revenir à son vomissement. Dès les premiers jours de son séjour à Paris, il avait renoué ses correspondances avec l’invisible ; il raconte lui-même avec grands détails un fait « d’autant plus extraordinaire, dit-il, que je n’avais pas encore recouvré ma puissance, et qu’il semble indiquer une transmission involontaire de médianimité ».

Ce fut dans la nuit du 10 février 1857, au moment où la pendule sonnait minuit, que des frappements sonores vinrent l’avertir solennellement de la résurrection de son pouvoir. Puis, une main se plaça sur son front, et une voix lui dit : « Courage, Daniel ; vous serez bien prochainement. » (Il était tombé malade pendant l’hiver.) À partir de ce moment, les manifestations diaboliques ne cessèrent plus : elles eurent lieu, s’il faut en croire Hume, en présence même du P. de Ravignan, qui, voyant son pénitent retombé dans son péché, lui refusa l’absolution.

« J’essayai de raisonner avec lui, disent les Mémoires, et de lui expliquer qu’il m’était impossible de m’empêcher d’entendre et de voir, que Dieu, ayant daigné m’accorder ces deux facultés, il n’était pas en mon pouvoir de les ignorer. Il refusa de m’écouter et dit que je n’avais pas à raisonner. « Faites ce que je vous dis ; autrement, supportez-en les conséquences. » Je le quittai, tout déconcert6. Je désirais ne pas lui désobéir, et cependant je sentais que