Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/244

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du geste ; mais bientôt je romps la chaîne établie entre les vivants et les morts, et tout s’évanouit. Est-ce un songe, une pure vision, un rêve seulement ? Il n’importe : c’est encore mon secret. »

deuxième fait

« Pendant mon absence, deux personnes de l’assemblée, saisies, impressionnées par le signe magique, s’étaient levées avec effort d’abord, puis étaient venues d’elles-mêmes tourner autour du miroir, où, se rencontrant, elles se regardaient d’une manière singulière. Elles semblaient vouloir chacune jouir seules et sans partage de la vue des merveilleuses images visibles pour toutes deux sur la surface noircie. J’interviens, et les deux voyants deviennent pacifiques. L’un s’agenouille, approche son visage du signe magique, sa tête oscille d’une étrange manière ; on pourrait croire qu’il s’échappe une flamme invisible de ce centre mystérieux, à en juger par les mouvements de va-et-vient que le voyant exécute. Il pousse des éclats de rire étranges.

« Il voit : ce sont de petits bonshommes qui dansent une ronde, enlacés l’un à l’autre, et semblent vouloir entraîner dans leur cercle le voyant lui-même. Bientôt, en effet, celui-ci se lève, toujours en riant, et s’écrie : Mais ils sont trop petits ! Et pourtant il se met à danser, d’abord lentement ; puis, s’animant, il se livre à la danse avec une sorte de fureur, en riant toujours du même rire :

« Mais l’autre voyant, que faisait-il pendant ce temps ? Il ne riait point ; au contraire, d’un sérieux de glace, il plongeait ses yeux pleins de feu sur le signe. Saisi bientôt de mouvements convulsifs, il dit voir monter graduellement une tête hideuse ; le monstre humain s’élevant de plus en plus, le sujet est rempli de terreur, ses dents se serrent, il recule ; mais, enchaîné à l’être qui apparaît, il faut qu’il s’en approche, et on peut étudier tous les effets de la peur et de la contrainte, toutes les terreurs que pourrait causer la vue d’un spectre qui n’aurait rien d’imaginaire.

« Ai-je bien vu ces étranges choses, en plein jour, offertes à mes regards par des gens qui n’avaient point pris d’opium ? Je le certifie, et des centaines de personnes appuieraient au besoin mon témoignage… Je puis affirmer, d’ailleurs, que ce que voient les magnétisés n’est point dans ma pensée, par la raison que mon esprit n’avait jamais pu croire, jusqu’à ce jour, aux prodiges surhumains de la magie, et que ma surprise égale celle de chacun des assistants. »

troisième fait

« Le signe magique est découvert. Bientôt, une jeune fille, qui n’a encore assisté à aucune de mes démonstrations, est prise de tiraillements dans les