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Sous le n° A-121, dans le même dossier, se trouve une lettre d’Albert Pike à Lemmi, datée du 5 décembre 1880.

On y lit:

« … J’approuve le projet de Congrès maçonnique italien. Il est indubitable qu’il y a lieu de provoquer une agitation par les Loges de la Péninsule ; mais, d’autre part, calmez l’action en Bavière, et consacrez-vous tout entier à faire réussir la réunion de Milan.

« Il faut ruiner à bref délai les influences cléricales en Italie ; les lois contre les congrégations religieuses n’y sont point observées. Était-ce donc la peine de tant travailler à les obtenir ?

« Et les écoles ? on y donne toujours l’instruction catholique. Par les Loges, faites protester. Il faudrait même que le Congrès émit un vœu en faveur de la création de lycées de filles ; mais obtenez cela, en prenant les précautions utiles et en ayant soin d’obtenir aussi qu’on n’y place aucun prêtre-aumônier.

« Il sera bon de faire voter un ordre du jour quelconque, témoignant que les Loges ont à cœur la solution de la question sociale dans le sens favorable aux ouvriers.

« À raison de cet ordre du jour, vous pourrez publier un résumé des travaux du Congrès, et vous mettrez à profit cette publication pour opérer en 214.

« Je m’en rapporte à vous en ce qui concerne l’opportunité ou l’inopportunité d’étendre aux Loges l’institution des Messagers. »

Le Congrès maçonnique italien se tint, en effet, à Milan ; les séances eurent lieu du 28 septembre au 3 octobre 1881.

Les résolutions qui furent votées sont les suivantes :

« I. La Franc-Maçonnerie italienne considère que la solution de la question sociale mérite non seulement l’étude, mais aussi l’action des Loges. Elle constate que le gouvernement n’a pas accompli son devoir en ce qui concerne les innombrables œuvres dites Œuvres Pies qui ont été fondées par le cléricalisme, pour, sous l’étiquette menteuse de la charité, corrompre le peuple. Les mœurs de la patrie sont ainsi en péril et ont besoin d’être réformées, ainsi que les lois. Les Œuvres Pies devront donc être transformées par le gouvernement en institutions de prévoyance pour la classe ouvrière.

« II. Sur la demande d’un certain nombre de Frères, le Congrès décide que les femmes ne seront plus désormais tenues à l’écart de la Franc-Maçonnerie. Des Loges féminines seront constituées au plus tôt »

(J’ouvre une parenthèse pour apprendre aux profanes et aux maçons incomplètement initiés que l’émission d’un vœu et l’adoption d’une décision de cette nature sont ce qu’en argot de la haute-maçonnerie on appelle opérer en 214. L’expression vient d’une circulaire n° 214 que rédigea en