Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/367

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moines et nonnes parasites qui, par le mensonge et la captation, ont accumulé des richesses illégitimes et accaparé hypocritement des domaines, soit d’une façon collective comme congrégations, soit avec une astuce personnelle non moins scélérate, comme prêtres vendant des indulgences, des prières et des places au prétendu paradis et se faisant donner en échange des biens matériels. Toute fortune de prêtre, de moine ou de nonne représente donc un passé impuni d’escroqueries et de vols, et, à ce titre, elle doit être confisquée sans indemnité aucune, par la justice du gouvernement, au profit de la société brisant les chaînes de l’erreur. Cette équitable expropriation est déjà en voie d’accomplissement chez les nations où la vraie lumière commence à pénétrer : elle devra être exécutée jusqu’au bout et d’une manière impitoyable.

« L’emploi des biens des malhonnêtes gens expropriés devra être réglé de façon à créer à la société des hommes libres des ressources suffisantes pour assurer la subsistance aux citoyens malheureux, vieillards ou infirmes ; car les secours à ceux qui sont hors d’état de travailler sont la dette sacrée de la société libre et juste.

« L’instruction, étant le pain de l’âme, doit être conforme à la science progressive et à la morale civique. L’instruction à tous les degrés doit être gratuite : tant que l’idéal de la société des hommes libres ne sera pas réalisé, nous devons ajouter que l’instruction doit être également laïque ; quand le peuple aura enfin la liberté que lui veut donner la franc-maçonnerie, ce mot de laïcité n’aura plus de raison d’être inscrit dans la loi, puisqu’il n’y aura plus de prêtres. Aujourd’hui, comme plus tard, nous devons dire encore qu’au moins l’instruction primaire doit être obligatoire.

« Sur la question d’existence ou de non-existence de la divinité, il ne faut pas contrecarrer les idées particulières que peuvent avoir les ouvriers de nos cercles. Ne cherchons pas à convertir les athées à notre philosophie métaphysique, et bornons-bous à apprécier qu’ils sont nos utiles auxiliaires pour la ruine de la superstition. Quant à ceux qui sont spiritualistes, il convient de rectifier leur jugement sur la notion de Dieu ; avec adresse et graduellement, on leur expliquera, dans les conférences, que l’Être suprême, étant de sa nature suprêmement bon et vraiment père de l’humanité, doit être séparé de la conception sacerdotale, dont le Dieu, tel qu’il est défini et imposé par les prêtres, est en réalité un persécuteur surnaturel, infiniment mauvais et barbare ; sans soulever aucun voile, nos conférenciers habitueront le peuple à honorer l’Être suprême tout en haïssant le clergé. La lumière se fera d’elle-même dans les esprits intelligents, en attendant qu’elle puisse être révélée publiquement, lorsque l’idéal de la société des hommes libres sera réalisé.

« Enfin, pour ce qui concerne la politique, il faut faire pénétrer dans les