Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/445

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Taxil. Mais cette abstention provient uniquement, ainsi que je viens de le dire, de ce que le clergé israélite, conservateur du dogme biblique, ne pourrait se commettre dans ces réunions ; le prêtre juif sait, du reste, qu’il n’a nul besoin de pénétrer au sein des ateliers maçonniques ; ses coreligionnaires laïques les fréquentent suffisamment, pour qu’il soit tenu au courant de tout ce qui s’y perpètre contre le catholicisme. Les ministres protestants s’affilient, parce que la maçonnerie est leur chose, je n’en disconviens pas ; les juifs s’y sont introduits pour s’en servir et tâcher de la diriger. Or, la présence des rabbins ne pourrait que nuire à leur plan; elle le trahirait, aux yeux des protestants et autres anticatholiques ; les juifs sont bien trop rusés pour laisser deviner leur jeu.

Enfin, M. Léo Taxil n’a vu que le rite de Misraïm comme ayant une origine juive. Cette erreur provient de ce qu’il n’a examiné que superficiellement l’histoire de la secte. Martinez Pasqualis, que je viens de citer, et les frères Bédarride ne sont pas les seuls inventeurs de rites maçonniques. Moïse Holbrook, dont les rituels ont servi à créer la seconde classe des Odd-Fellows, était un juif ; et le Rite Écossais Ancien et Accepté, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui dans tous les pays du monde, a été organisé par des juifs ; je le démontrerai au courant de ce chapitre.

La question des juifs dans la franc-maçonnerie étant d’une très grande importance, je la traiterai avec ampleur. Jusqu’à présent, elle a été à peine effleurée par les auteurs antisémites. Il me paraît nécessaire de faire tout connaître ; l’invasion des juifs partout, l’élection d’Adriano Lemmi aux fonctions de chef suprême de la secte, voilà des raisons majeures pour ne rien omettre de ce qu’il est essentiel que le public sache.

Nous allons voir d’abord les juifs cabalistes francs-maçons ; ceci me permettra de parler de Martinez Pasqualis, de son rite et de l’introduction des fils d’Israël dans la secte ; je dirai, en passant, quelques mots de l’un de ses disciples, Fournié, prêtre apostat. Nous verrons ensuite que l’émancipation politique et civile des juifs est une œuvre essentiellement révolutionnaire et maçonnique. Puis, toujours en restant sur le terrain où je me suis placé, nous constaterons les déplorables résultats de cette émancipation. Après quoi, je passerai en revue les principaux actes qui établissent quel rôle jouent les juifs dans la maçonnerie, et je citerai l’opinion des israélites eux-mêmes sur leur rôle et sur la façon dont ils le comprennent. Enfin, je ferai connaître la part que le judaïsme a prise dans la création du Rite Écossais, tel qu’il est le plus généralement pratiqué aujourd’hui, et je montrerai comment, peu après l’institution du Palladisme luciférien, les maçons juifs se sont organisés à leur tour, avec l’autorisation du Suprême Directoire Dogmatique de la secte, en fédération secrète créant des loges israélites à côté des loges ordinaires et fonctionnant actuellement sous la direction du Souverain Conseil Patriarcal de Hambourg.