Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/466

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Les juifs avaient donc pour eux la principale influence, celle des Martinistes, alliés aux Illuminés de Weishaupt. Ils pouvaient aussi compter sur l’appui des loges anglaises, pour qui les opinions du fameux incrédule Toland étaient paroles d’Évangile. Toland avait pris chaleureusement en main leur cause dans deux écrits aussi hostiles au christianisme qu’ils étaient favorables à la nation juive : Raisons pour naturaliser les juifs de la Grande-Bretagne, et Nazarenus ou le Christianisme judaïque, païen et mahométan.

Et cependant, — tant étaient puissants chez les francs-maçons eux-mêmes les préjugés héréditaires contre les juifs, — malgré ces nombreuses intelligences qui leur étaient assurées dans la place, ce ne fut qu’à une faible majorité que fut adoptée la proposition d’ouvrir définitivement aux juifs les portes du sanctuaire maçonnique. Même cette décision du convent de Wilhelmsbad fut loin d’avoir force de loi pour toutes les associations maçonniques ; plusieurs, pendant longtemps encore, la tinrent pour non avenue, et continuèrent à repousser énergiquement de leur sein les enfants d’Israël. Ainsi, ce ne fut qu’à partir de 1832 que les juifs furent officiellement admis, en Angleterre, à faire partie de l’Ordre. En Allemagne, les trois Grandes Loges de Berlin, malgré les requêtes réitérées des israélites, malgré les nombreuses et vives protestations de la maçonnerie tout entière, persistèrent à écarter les juifs jusqu’en 1842. Les juifs eux-mêmes ne semblent pas s’être hâtés de profiter du privilège que leur accordait le convent de Wilhelmsbad : dans tous les rapports officiels des lieutenants provinciaux de Weishaupt, énumérant les nouvelles recrues de l’ordre dans les années qui suivirent ce convent, on ne rencontre que le nom d’un seul juif, appelé Blenbetren, qui prit le nom d’Alberoni en devenant conseiller aulique et Provincial Illuminé.

En réalité, les juifs n’avaient pas à se presser pour envahir la franc-maçonnerie ; il leur suffisait d’avoir le droit d’y prendre pied. Leurs chefs savaient que l’assemblée de Wilhelmsbad avait eu pour principal objectif de préparer la Révolution ; maintenant, ils pouvaient attendre que les maçons, travaillant pour eux, leurs fissent d’abord obtenir dans la société les droits de citoyen. Après quoi, nous les verrons tout aussitôt adhérer nombreux à la secte et y créer même des rites.


Il me faut, à présent, démontrer que l’émancipation politique et civile des juifs est l’œuvre de la Révolution française, et par conséquent celle de la franc-maçonnerie, puisque la secte a été la principale ouvrière de cette révolution.

Il entrait avant tout dans le plan des révolutionnaires, d’anéantir, autant qu’il serait en eux, le règne de Dieu sur les âmes pour y substituer le culte de l’homme ou de Satan, ce qui est tout un. Le plus grand obstacle à