l’assemblée et la pleine égalité civile. M. de Clermont-Tonnerre, franc-maçon, développa longuement à cette occasion les causes de l’avilissement de la nation juive, qu’il attribua uniquement au mépris des chrétiens et aux lois barbares qui les avaient régis jusqu’alors. L’assemblée fit bon accueil à ces réclamations et décréta que le président écrirait aux différentes municipalités de la Lorraine pour leur faire entendre que la déclaration des Droits
Henri Paschoud | Eugène Duion |
l’Assemblée les cahiers de leurs doléances. Les députés d’Alsace étaient : D. Sinizheim et
S. Seligman Wittersheim ; les députés de Lorraine : Mayer-Marx et Berr-Isaac-Beer ; les
députés de Metzet des Trois-Évêchés : Goudchaux, Mayer Kahn et Louis Wolf. Arrivés
à Versailles, leur centre de réunion était tout trouvé, au logis du curé Grégoire,
député de la Lorraine, leur protecteur dévoué, à qui, du reste, le garde des sceaux
avait renvoyé les cahiers des juifs, pour en faire usage à l’Assemblée nationale. Dès le
3 août, l’abbé Grégoire essayait d’élever In voix en faveur de ses protégés, et s’écriait :
« Ministre d’une religion qui regarde tous les hommes comme frères, je réclame en cette
circonstance (le pillage des Juifs en Alsace), l’intervention du pouvoir de l’Assemblée en
faveur de ce peuple proscrit et malheureux. » Sa parole ne trouva pas d’écho. Vers la fin
d’août, il veut revenir à la charge, et rédige en leur faveur une motion que l’Assemblée ne
veut pas entendre, et qu’il est réduit à adresser au public.
Une première adresse fut présentée à l’Assemblée nationale par les juifs de Paris, le
26 août 1789, fondant leur réclamation des droits de citoyens sur les droits de l’homme, et
sur leur propre conduite, qu’ils disaient irréprochable. L’Assemblée n’eut pas l’air de s’en
soucier et laissa les députés juifs se morfondre à sa porte, sans la leur ouvrir.