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Suprême Conseil ; mais, en différentes circonstances, on avait, dans la première moitié de ce siècle, essayé de constituer un conseil secret, universel et suprême, de la franc-maçonnerie. À un moment donné, les juifs parvinrent même à se faire attribuer, comme droit irrévocable, cinq sièges sur neuf dans cette puissance suprême ; le fait est rapporté par Gougenot des Mousseaux, dans son livre le Juif. Seulement, ce conseil secret universel ne fonctionna jamais bien ; il fallut Albert Pike et Mazzini pour créer la vraie suprême direction. Et Pike, ne voulant pas exposer son œuvre à être absorbée un jour par les juifs, et comprenant que ceux-ci se grouperaient toujours à part, fit la part du feu en autorisant la fédération secrète israélite, lui donna des règlements, réserva à Charleston un droit de tutelle, et c’est ainsi que s’établit le Souverain Conseil Patriarcal de Hambourg, dont je parlerai plus amplement à la fin de ce chapitre.

Dès avant la Révolution de 1789, déjà quelques loges avaient été fondées par les juifs et plus spécialement pour les juifs : la loge Melchisédech, à Hambourg, établie par les frères Von Ecker et Eckoffen ; la loge la Tolérance fondée par les frères Von Hirschfield, etc., etc. Mais ces loges se rallièrent aux chefs de Paris. Le numéro de novembre 1864 du journal secret maçonnique de Leipzig dit que « le centre de ces loges juives était à Paris sous Crémieux et le grand rabbin ».

Le 12 juin 1808, la loge l’Aurore naissante fut établie à Francfort, exclusivement pour les juifs, sous l’obédience du Grand Orient de France[1]. Les conséquences politiques de la bataille de Waterloo forcèrent cette loge à se séparer de ce Grand Orient. Ne voulant pas se soumettre à la condition que le landgrave Charles de Hesse exigeait, de nommer toujours pour Vénérable un maçon non israélite, elle demanda son affiliation à la Grande Loge d’Angleterre et l’obtint en 1817[2]. Une autre loge juive de Francfort, la loge l’Aigle, se rattacha en 1848 à la Grande Loge de Hambourg.

    pecteur en degré suprême d’initiation. Il n’est pas plus administratif que les précédents, bien qu’il soit également intitulé ainsi : les trente-troisièmes n’inspectent rien du tout. C’est le dernier grade d’enseignement luciférien pour les initiés qui n’ont pas été désignés par les triangles et vis-à-vis de qui on a certains ménagements à garder. Ainsi, un adepte se distingue par son zèle des plus ardents pour l’Ordre, et cependant, malgré son élévation graduelle aux plus hauts degrés d’initiation, il n’a pas compris, il ne comprend pas « le secret ineffable ». Or, comme on espère toujours qu’il finira par comprendre, on le fait monter jusqu’au 33e degré inclusivement ; là, s’il n’a pas laissé jaillir de ses lèvres son Eurêka lors de son examen oral, il est gratifié, au cours de la cérémonie d’admission, de l’anneau qui le distinguera désormais comme un esprit obtus aux yeux des parfaits initiés. Au contraire, l’adepte qui a compris est enrôlé pour la haute-maçonnerie dès le grade de Kadosch (quelquefois même avant, mais c’est alors par une exception infiniment rare).
    Tel est le tableau des grades du Rite Écossais Ancien Accepté, avec indication des origines de chacun d’eux.

  1. « Cette loge, dit Gould, dans The History of Freemasonry, fut plus tard une source de trouble et de vexation. »
  2. « Traitée par la Grande Loge Provinciale comme clandestine, elle ne cessa d’être soutenue par la Grande Loge d’Angleterre, qui pour cette raison, rompit avec la Grande Loge Provinciale de Francfort. » (Gould, ibid.)