Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/6

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de l’étude qui va suivre, insister, plus que je ne l’ai fait à propos du pseudo-spiritisme, sur ce point essentiel : quand je dis qu’il y a supercherie de la part de tel charlatan, je ne prétends nullement poser comme principe absolu que jamais, dans les œuvres de ce charlatan, il n’y aura action démoniaque. Il ne faudrait pas se méprendre là-dessus, ni me faire dire ce que je ne dis pas.

Le charlatan est celui qui trompe volontairement la personne à qui il a affaire. Mannteuffel trichait en faisant tourner et parler la table ; le président de la Germania a démontré sa supercherie, sans réplique possible. Mais il y a eu tricherie, attendu que les choses se sont passées ainsi que j’en ai fait le récit. Quand la table, où censément l’esprit de Frédéric le Grand s’était insinué, s’exprimait avec des fautes d’orthographe, c’était le Mannteuffel, ignorant comme un âne, qui la faisait manœuvrer. Si, au contraire, elle avait écrit correctement, c’eût été une preuve que le charlatan n’était pour rien dans cette manifestation.

Ce qui est faux, ce qui est mensonge, c’est le système lui-même. Une table ne peut pas se mettre, tout naturellement, à tourner, sans aucune supercherie ; il n’y a pas de fluide nerveux. Un esprit de défunt, non plus, ne vient pas, à l’appel d’un médium, se loger dans une table ; sauf la permission de Dieu, les bienheureux restent au ciel, les âmes ayant à se purifier restent en purgatoire, et les damnés restent en enfer ; et ce n’est pas pour satisfaire le désir d’un Mannteuffel ou de tout autre charlatan que Dieu autoriserait n’importe quel esprit de défunt à venir se manifester sur terre.

Par contre, les démons, en vertu du décret divin qui les autorise à tenter les hommes dans le but de rendre plus grands en mérites ceux-ci dans leur résistance à la tentation, peuvent aller et venir par le monde et, à un moment donné, transformer le prestidigitateur en prestigiateur. Aussi, qu’une table vienne à tourner violemment, en dehors de toute supercherie, — par exemple, si les personnes qui entourent le meuble font la chaîne avec la main renversée, la paume en l’air, — alors, c’est que dans la table il y a, non un fluide ni un esprit de défunt, mais bel et bien un démon qui l’anime. Si elle parle de choses vraiment secrètes, sans aucun compère, si elle dit des ordures, si elle prétend dévoiler l’avenir, plus de doute possible, c’est le diable qui est là.

Ceci est archiprouvé par une expérience qui a été faite bien des fois : il suffit de jeter quelques gouttes d’eau bénite sur la table en mouvement ou en train de parler, pour que la manifestation s’arrête instantanément. Le diable est parti.

Si le fluide nerveux existait et était une chose naturelle, ainsi que l’affirment certains catholiques ignorants, mais de bonne foi, trompés par le charla-