Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/88

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Le même jugement peut être porté au sujet de tous les astrologues qui nous ont laissé par écrit leurs systèmes et leurs rêveries, y compris les horoscopes qu’ils ont tirés. Ces horoscopes ressemblent tous plus ou moins, en valeur, à celui qu’un rabbin juif, nommé Bechaï, avait osé tirer du Fils de Dieu lui-même. « Jésus-Christ, disait-il, est ressuscité le dimanche, jour destiné au Soleil, et, ayant été un homme tout à fait solaire, il était très beau, d’une face blanche et resplendissante, d’une humeur éveillée et grandement hardie, témoin l’acte de chasser tant de vendeurs du temple et de disputer à l’âge de douze ans contre les docteurs de la Loi. » Cardan, de son côté, croyait Jésus-Christ né sous l’influence de Saturne, ce qui, disait-il, le rendait triste et pensif et le faisait sembler plus vieux qu’il n’était. Il ajoutait que cette même planète, s’étant rencontrée avec Vénus, lui avait causé les taches rousses au visage, dont parle l’historien Josèphe.

Exemple frappant de l’accord qui règne entre les révélations des différents astrologues !…

Mais, à ces deux horoscopes, dont le but est évidemment de rapetisser le Divin Maître, de le ridiculiser en quelque sorte en le faisant servir à des démonstrations d’astrologie, comme on reconnaît bien la griffe de Satan, dont la haine contre le Christ est formidable !

Aujourd’hui, en dehors des charlatans vulgaires qui font métier de tirer des horoscopes, l’astrologie est en grand honneur dans les triangles ; et cela seul suffirait à en démontrer le caractère diabolique. Albert Pike laissait, il est vrai, l’astrologie au second plan, sans doute parce qu’il avait ses révélations d’une façon directe et constante par le roi de l’enfer ; mais Lemmi, ce n’est pas un secret, se livre passionnément aux calculs de cette mancie.

Lemmi est bien le type accompli du renégat, qui en veut non seulement aux prêtres dont il a reçu la première instruction, mais à Dieu qu’il a adoré dans son enfance. Le plus souvent, le catholique qui abandonne sa foi devient surtout un sceptique ; il néglige Dieu, la religion ; il ne s’en préoccupe plus. S’il est un ambitieux, s’il rêve de devenir quelque chose par la politique, il flatte les mauvais instincts des foules ; alors, il devient anticlérical ; il va parfois jusqu’à nier Dieu, mais c’est surtout le clergé qu’il combat. Lemmi, lui, est allé plus loin encore dans la voie du mal. Il ne s’est pas contenté de renier son baptême ; il a tenu à l’effacer. Par la circoncision, il s’est fait juif ; par le baptême du feu, il s’est fait maçon et luciférien. Il a voulu être juif, parce que c’est chez les juifs cabalistes qu’on trouve les haines les plus vivaces contre le catholicisme. Et, dans sa juiverie, il est devenu un des plus exaltés parmi les fanatiques. Naturellement, il a étudié, avec une sorte de rage, cette cabale maudite, que le F∴ Ragon dit être « la clef de toutes les sciences occultes » ; il en a été, il en est un adepte fervent ; et sachant bien, lui, ce qu’est Lucifer, ne craignant pas de lui donner son nom de Satan contrai-