Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/107

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et s’appliquer à répandre la conviction que, dans les ateliers de cette fédération, on se sert exclusivement des nouveaux rituels, dépourvus de tout occultisme, c’est tromper effrontément le public.

La vérité est que les nouveaux rituels ont été fabriqués pour répondre aux réclamations de celles d’entre les loges qui ne voulaient plus des anciens, mais que les loges n’ont jamais cessé d’avoir le droit de se servir de ceux-ci, et que beaucoup de loges dudit Rite Français ont continué, avec le plein agrément du Grand Orient, à garder tous les usages, toutes les formules, toutes les cérémonies, toutes les pratiques du vieux symbolisme. Dans l’obédience du Grand Orient de France, les ateliers sont libres de pratiquer indifféremment le Rite Français et le Rite Écossais.

Mais cela n’empêche pas que le parti des anciens a vu, avec un vif mécontentement, cette création de rituels d’où l’on supprimait les traditions légendaires ; dès l’instant que les loges allaient avoir le droit de « travailler sans symbolisme », tout leur parut perdu, c’était une innovation dangereuse. Et le F∴ Hubert, le F∴ Doinel, le F∴ Bertrand, levaient leurs bras au ciel !

Au moment où la question était sur le tapis, la grande bataille s’est livrée au sein de la loge parisienne les Amis Triomphants, à laquelle venait de s’affilier le F∴ Oswald Wirth, précédemment secrétaire d’une loge de province, la Bienfaisance Châlonnaise.

Le F∴ Oswald Wirth prit une curieuse attitude dans la querelle entre les partisans et les adversaires de l’antique symbolisme. Il fit valoir que les vieux rituels étaient les meilleurs, à son avis ; mais, puisqu’un grand nombre de frères n’en comprenaient pas les arcanes, autant valait fabriquer des rituels à la portée de la majorité et garder les anciens, néanmoins, pour un choix de certains frères, c’est-à-dire pour les partisans de l’occultisme. Au fond, le collègue des Guaita et Papus, en sataniste déguisé qu’il est, faisait, parmi les simples Apprentis, Compagnons et Maitres des loges ordinaires, de la propagande pour recruter des adhérents au Martinisme.

Lors de son affiliation à la loge les Amis Triomphants (en mars 1887), il prononça le discours suivant, dont la copie manuscrite est conservée aux archives de ce « respectable » atelier :


Très cher Vénérable et très chers Frères,

En prenant place sur les Colonnes de ce Respectable Atelier qui vient de me conférer les honneurs de l’affiliation, j’éprouve le besoin de communiquer à mes nouveaux compagnons de travail les idées que je me fais de notre Institution, et cela en insistant plus particulièrement sur la situation dans laquelle se trouve à l’heure actuelle la Franc-Maçonnerie Française. Comme je suis loin

    présence de M. Georges Bois dans la société en question. Cette erreur, d’autant plus compréhensible qu’il s’agit d’un homonyme de nom et de prénom fréquentant les mêmes amis, ne change absolument rien à la question.