Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/223

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C’est pourquoi, toutes les tenues de triangles ne sont pas consacrées à combiner entre hauts-maçons les intrigues au moyen desquelles on agira au sein des ateliers des rites officiels avoués. En dehors de ces assemblées où l’on se met d’accord pour influencer et diriger la maçonnerie ordinaire, et en dehors des séances d’initiation aux grades palladiques, il y a les tenues strictement liturgiques. On a eu des aperçus des unes et des autres, au cours de mes récits de témoin ; mais il est bon de grouper, dans une énumération au moins sommaire, les principaux éléments de ce culte diabolique, le mieux organisé entre tous.

Disons d’abord que les tenues strictement liturgiques ont lieu en grand triangle-et en parfait triangle, c’est-à-dire que les frères Kadosch du Palladium et les sœurs Chevalières Élues Palladiques n’y sont pas admises. Le triangle, où les hauts-maçons du 1er degré du Rite Suprême travaillent avec les Hiérarques, les Maîtresses Templières et les Mages Élus, est principalement réservé aux débats et délibérations en vue de l’entente à laquelle je viens de faire allusion ; frères et sœurs du 1er degré palladique ont reçu la seule lumière qui leur a fait connaître l’existence du Palladium Réformé Nouveau comme haute-maçonnerie ; il leur est, il est vrai, facile de deviner le reste, dont la révélation définitive leur est promise et, en général, ne se fait guère attendre ; mais, en l’attendant, lorsqu’ils se livrent à d’autres passe-temps que ceux de leurs initiations et de leurs combinaisons d’influences, lorsqu’ils font, en un mot, de l’occultisme, c’est du moins sans franchir les limites du spiritisme connu. Nous avons vu, d’après l’initiation de miss Arabella D*** à Singapore, en quoi consiste la lumière donnée à l’Élue Palladique (tome Ier, de la page 192 à la page 207) ; quant à l’initiation du Kadosch du Palladium, elle est surtout gnostique, d’après les doctrines connues de Simon de Gitta et d’Apollonius de Tyane. Le vrai culte luciférien est réservé aux 2e et 3e degrés.

La contrefaçon du catholicisme est flagrante.

Les palladistes ont leur Pater, leur Ave, leur Gloria. J’ai déjà donné le Pater luciférien (tome Ier, page 128). L’Ave-Eva luciférien est la contre-partie de l’Ave-Maria catholique ; on salue Ève, en la glorifiant d’avoir désobéi au Dieu Mauvais. Le Gloria Lucifero Victori célèbre Lucifer comme futur vainqueur d’Adonaï ; il proclame le dogme de la divinité double, au lieu du dogme de la Sainte-Trinité.

J’ai donné le Credo luciférien (tome I, page 126). Quant au Confiteor, les palladistes n’en ont pas ; en revanche, ils ont la prière Prœmium da mihi, Domine, qui précède une sorte de glorification personnelle que chacun a le droit de faire en tenue de grand triangle pour célébrer ses propres mérites dans le sens luciférien. « Donne-moi la récompense, Seigneur ; pour ta gloire, j’ai vaillamment combattu, etc. » ; et, par fanfaronnade, le