Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/225

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La hideuse idole templière est célébrée par le Salut au Baphomet, où le monstre est vanté comme symbole et personnification de toutes les forces de la Nature, et par la Prière au Palladium, où le même Baphomet est invoqué comme puissance protectrice ; cette antienne infernale est une parodie du Sub tuum prœsidium. Quant au Salut au Baphomet, c’est un hymne, que je ne saurais guère comparer, comme antithèse, qu’à notre Ave, maris stlella.

Le Salve, Regina a sans doute inspiré, à rebours, le Salve, Caïn et le Salve, fulgens Phœnix. À citer aussi les hymnes à Baal-Zeboub, à Asmodée, à l’Anti-Christ, à Astaroth et Astarté, à Hermès, au Feu Divin, etc.

La bénédiction luciférienne se donne par le signe ésotérique (voir tome 1er, page 201), de la main droite, tandis que la gauche, largement ouverte et les cinq doigts écartés, fait le geste d’enfoncer dans l’abîme un ennemi invisible ; et l’on dit, en même temps : Per benedictionem Luciferi, maledictus Adonaï adumbratur.

J’ai décrit le Signe de la Croix gnostique (tome 1, page 216).

Les chrétiens ont les sept Psaumes de la Pénitence ; les palladistes, eux, ont les Psaumes à Moloch, appelés encore les Sept Nekam, Adonaï, parce que les mots Nekam, Adonaï y reviennent constamment.

En fait de litanies, les Grands Triangles et Parfaits Triangles récitent : les Läbah des Noms sacrés de Lucifer, en opposition aux Litanies du Saint Nom de Jésus ; les Lâbah d’Astaroth et d’Astarté, en opposition aux Litanies de la Sainte Vierge ; les Lâbah des Septante-Sept ou de la Hiérarchie céleste, en opposition aux Litanies des Saints. Il y a aussi les Lâbah des Martyrs, à la gloire des Jacques Molay, Giordano Bruno, Jean Huss, Étienne Dolet et autres personnages du même genre. Aux Litanies du Saint Sacrement, les palladistes opposent une longue kyrielle d’imprécations contre la divine Eucharistie, nommée les Grandes Imprécatoires ; ces imprécations se débitent en chœur, dans les tenues solennelles, avant certaines profanations d’hosties sur lesquelles mieux vaut ne donner aucun détail, tant ces pratiques sont monstrueuses.

D’autre part, les palladistes appellent Petites Imprécatoires, quelques formules courtes, qu’ils prononcent tout bas hors de leurs ateliers, en diverses circonstances. Par exemple, dans un compartiment de wagon ou n’importe quelle voiture publique, un palladiste se trouvera en présence d’une personne catholique pieuse, et il s’apercevra qu’elle a un chapelet et qu’elle prie ; si, pour une raison quelconque, le palladiste est obligé de continuer sa route avec ce ou cette fidèle, dont la prière, même mentale, l’horripile, il dira de même, mentalement, à plusieurs reprises, chaque fois qu’il verra égrener le rosaire : Vade, Lilith, vade retro, Mirzam ; et maledictus sit Jesus Bethlemitus ! Par ces imprécations murmurées en lui-même, il s’imaginera détruire l’effet des prières de l’adversaire catholique.