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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/254

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naïte, en lui insufflant une parcelle de son âme divine, de son feu divin : Corpus est terra, anima est ignis. C’est pourquoi, en attachant au mot « création » le sens que je viens de dire, le corps humain est la création d’Adonaïi, et l’âme humaine est la création de Lucifer.

Cette théorie est encore comme inspirée des dogmes indous ; car les Védas affirment nettement l’identité d’Agni avec la vie, avec le mouvement et la pensée. Il est dit aussi, dans les livres sacrés de l’Inde, que la preuve de ce que l’âme humaine est du feu, c’est qu’elle survit sous cette forme. « Voilà ces rayons du soleil auxquels sont réunis nos pères. » (Riga-Véda, I, 109, 7.)

D’autre part, le Palladisme, qui aime à se proclamer d’accord avec la science moderne, part de ce principe que l’âme est un feu émané de Lucifer Dieu-Bon et animant le corps vil et matériel, œuvre d’Adonaï, pour faire remarquer que les êtres vivants, à l’instar du feu, s’entretiennent en consumant de la nourriture, et conclure que, physiquement, notre vie est une combustion.

Pour tout dire, Lucifer, étant l’Excelsus Excelsior, est répandu partout dans l’univers ; c’est pourquoi le feu, c’est-à-dire sa substance divine, existe partout à l’état latent ; il est le principe animateur de tout ce qui vit et se meut ; il est en quelque sorte, l’âme, la substance spirituelle de l’univers.

Aussi, le Feu, en tant que substance divine de Lucifer, en tant qu’âme du Dieu-Bon, est vraiment éternel, et Lucifer tend à réunir les âmes humaines à lui pour l’éternité. Chaque âme étant une flamme céleste, une parcelle du feu divin, le vrai bonheur pour elle consiste à rentrer pour toujours dans le sein du Dieu-Bon Lucifer.

Les prêtres adonaïtes, disent les conférenciers palladistes, mentent effrontément, quand ils annoncent des souffrances à ceux qui iront à l’éternel adversaire de leur Dieu. Il est certain qu’il y a souffrance, lorsque le feu brûle un corps humain vivant ; mais il est non moins évident qu’une âme, qui est elle-même du feu, ne peut souffrir en se réunissant au feu central, à son foyer divin : en d’autres termes, la flamme peut faire souffrir, mais elle-même ne souffre pas. La souffrance matérielle ne saurait exister dans les régions surnaturelles, où il n’y a plus de matière.

Il est vrai que les prêtres adonaïtes disent encore que les âmes qu’ils qualifient de damnées endureront non seulement le tourment de la brûlure matérielle porté à un paroxysme qui dépasse tout ce que peut concevoir l’imagination humaine, mais aussi éprouveront une souffrance morale, des millions de fois plus terrible, plus douloureuse, plus épouvantable, plus horrible, celle du désespoir immense de se savoir pour toujours privées d’Adonaï, ou peine spirituelle du dam. À cela, Diana Vaughan, doctoresse en théologie luciférienne, réplique dans une de ses conférences au grand triangle Ts edik’iou,