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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/351

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D’autre part, Adonaï est le génie de l’eau, Lucifer est le génie du feu, dit encore le livre sept fois sacré des palladistes. On retrouve cette énormité dans un symbole bien connu du magisme : le Jéhovah blanc et le Jéhovah noir. Adonaï, le Jéhovah à tête noire, à corps noir, mais à vêtements blancs, est en position renversée, la tête en bas, plongeant dans l’eau ; au contraire, Lucifer, le Jéhovah à tête blanche, à corps blanc, est au-dessus de l’eau, dans l’éther ; on lui donne, dans les peintures et dessins symboliques, un vêtement noir, pour indiquer que son adversaire Adonaï l’a calomnié, l’a noirci dans l’esprit des peuples abusés, en faisant croire qu’il est, lui Lucifer, un diable (voir la reproduction du tableau du F∴ Macdonald Bates, 1er volume, page 331).

De même que le paradis luciférien est le royaume du feu, de même le paradis adonaïte est le royaume de l’eau, le gouffre liquide, l’abîme de l’éternelle humidité ; c’est le paradis inférieur ; les palladistes emploient même ce terme : « le ciel infernal ». Le mot enfer, appliqué par les catholiques au domaine de Lucifer, est repoussé par eux comme expression calomnieuse. Le royaume de Satan est le vrai ciel, le vrai paradis divin.

Aussi, d’après le livre Apadno, la puissance d’Adonaï n’a pas pu aller plus loin que l’organisation du monde aquatique. Les poissons, animaux stupides, sont l’œuvre d’Adonaï. Voyez l’huître, disent les conférenciers palladistes, voyez l’huître, cet animal incomplet ; elle est la démonstration éclatante de l’infériorité d’Adonaï. Par contre, Lucifer, lui aussi, a pu organiser, sur notre terre, en transformant la matière vile ; mais l’intelligence brille chez les animaux qui sont son œuvre : aigle, coq, serpent, chat, chien, éléphant, cheval, singe, etc. Jusqu’à la formation du premier homme, le singe était, en tant qu’animal terrestre, le chef-d’œuvre de Lucifer.

Un jour donc, Adonaï passait en revue ses chefs-d’œuvre, à lui. Il avait produit les maléachs, mais dans le domaine de l’immensité, en dehors de notre planète ; et, pour produire les maléachs, il lui avait fallu recourir à la ruse, dérober du feu à Lucifer. Sur la terre, ses chefs-d’œuvre étaient pitoyables. Il était obligé de s’avouer que sa puissance était inférieure à celle de son rival.

Il pleurait de colère, de rage, ne pouvant tirer aucune idée de sa pensée méchante.

Soudain, il aperçut trois esprits du feu, qui venaient à lui. L’un était Mikaël, le généralissime des armées de Lucifer, le plus beau des génies de lumière après le Dieu-Bon ; les deux autres étaient Gabriel et Raphaël, qui avaient occupé jusqu’alors à eux deux le troisième rang dans la hiérarchie céleste, venant immédiatement après Astaroth, Astarté et Moloch. Le généralissime Mikaël avait entrainé avec lui Gabriel, Raphaël et quelques autres génies de lumière, mécontents de leur place dans la hiérarchie ; mais ils avaient