Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/416

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leva et me cria dans une interruption : « Monsieur, permettez-moi de vous apprendre que le F∴ Mackey, dont vous faites le successeur de Pike, est mort en 1881, soit dix ans avant Pike, et que le successeur de Pike est le F∴ Batchelor. » Ce monsieur était M. Georges Bois. Moi qui, deux mois auparavant, avait publié qu’il ne fallait pas confondre les deux Mackey, le docteur Gallatin et son soi-disant neveu (premier volume, page 311), moi qui, un mois auparavant, avait publié le compte-rendu des obsèques du docteur Gallatin Mackey, mort à Fortress-Monroë le 20 juin 1881 (page 322 et page 340), je ne pouvais que prendre en pitié une interruption aussi inepte ; aussi j’y répondis par un haussement d’épaules, c’est ce que M. Bois appelle « notre conversation ».

Du reste, toute la polémique de M. Georges Bois a été faite avec la même mauvaise foi. Le plus fort, c’est qu’il a l’aplomb, dans la lettre ci-dessus, de dire que la Vérité, après son article du 19 juin 1893 avait l’intention d’en demeurer là, et qu’il ne m’a répliqué que parce que je lui ai répondu dans le Bulletin mensuel servant alors de couverture à mes fascicules. Or, c’est dans le 3e Bulletin, celui du 11e fascicule, paru en octobre, que j’ai pris la peine, pour la première fois, de répondre à M. Georges Bois. Or, dans l’intervalle, la Vérité avait reproduit toutes les attaques imaginées contre moi, à qui l’on osait opposer comme honnête et loyal l’ignoble F∴ Cadorna, attaques de M. Aigueperse, de son correspondant turinois, et de M. Delassus. Et je ne parle pas des odieuses lettres privées, me calomniant, écrites et envoyées par M. Bois à tort et à travers. On reconnaitra, que j’ai fait preuve, au contraire, d’une grande patience.

Au surplus, à cette heure, la Vérité est jugée. Elle ne se relèvera pas du blâme sévère que lui a infligé le Saint-Siège par la lettre officielle du cardinal Rampolla, du 30 janvier 1895, au sujet de son attitude dans la question politique ; et encore l’éminent secrétaire d’Etat de S.S. Léon XIII, a-t-il eu soin d’écrire : « En me bornant à la question politique, par la lecture de la Vérité et par l’esprit qui l’inspire, on a pu constater que, nonobstant la persuasion où elle est de seconder les vues du Saint-Siège, elle se trouve avec lui en désaccord. » Etc… Vraiment, c’est bien à la Vérité qu’il appartenait de donner des leçons aux autres, elle qui vient de se faire prendre en flagrant délit de diffusion d’œuvres abominables ! Lire l’Union catholique des Basses-Pyrénées, de Pau (directeur : M. l’abbé Pon), numéro du 21 février 1805. Sous prétexte de primes à ses abonnés, la Vérité distribuait des romans mis à l’index et jusqu’aux impiétés de M. Hyacinthe Loyson, le renégat ! « des romans, dont les seuls titres font monter la rougeur au front, est-il dit dans le vaillant petit journal catholique ; des ouvrages immoraux, impies, condamnés par l’Église. » Prise sur le fait et la dénonciation ayant été publique, la Vérité n’a pu moins faire que d’interrompre cette propagande malsaine. Dans son numéro du 27 février, elle a balbutié des aveux embarrassés, et a cru s’en tirer devant l’opinion publique en annonçant qu’elle change son catalogue de primes.

Personnellement, M. Georges Bois est jugé, lui aussi. Dans un de ses derniers articles, il se plaignait de ce que, depuis ses attaques acharnées et incompréhensibles, grand nombre de personnes le tiennent pour franc-maçon déguisé en catholique ; et ici la loyauté m’oblige à déclarer que je n’ai vu son nom dans aucun des registres d’archives que j’ai pu consulter. Mais s’il est devenu suspect, M. Bois ne doit s’en prendre qu’à lui-même. On ne choisit pas pour son alter ego un Moïse Lid-Nazareth ! on ne se fait pas le répondant d’un agent de Lemmi ! C’est pourquoi, tant qu’il n’aura pas publiquement avoué ses torts, rétracté ses méchants articles et ses indignes lettres privées, jeté par-dessus bord son fidèle Achate sur qui tous les anti-maçons sont fixés, M. Georges Bois demeurera sous le coup des pénibles vérités qui lui ont été dites par mon vénérable ami, M. le chanoine Mustel.

« Je ne puis pas, écrivait le directeur de la Semaine Catholique de Coutances (n° du 14 décembre 1894), en s’adressant à M. Bois, je ne veux pas tirer de vos relations, ni de vos attaques parallèles, et parfois combinées, une conclusion qui vous blesse. Mais comment ne pas se rappeler le proverbe : Dis-moi qui tu hantes… Surtout quand on ne se contente pas de hanter, mais qu’on travaille d’accord aux mêmes besognes et qu’on s’appuie l’un sur l’autre. »

Petites Notes. — En ce qui concerne M. Jules Doinel patriarche des Gnostiques Valentiniens (IIe volume, pages 690 à 701), récemment converti, il m’a été rapporté qu’il était affecté d’avoir été qualifié de sataniste dans mon ouvrage, Comme beaucoup d’occultistes, M. Doinel a été certainement, de bonne foi, je ne fais aucune difficulté à le reconnaitre, et il l’est encore en affirmant qu’il n’était pas sataniste. Miss Vaughan est dans le même cas. M. Doinel a été le jouet du démon, d’une part, puisqu’il ne saurait être soutenu que l’éon Jesus qui lui apparaissait était réellement N.-S. Jésus-Christ ; et, d’autre part, son honnêteté notoire a été exploitée par les habiles du magisme martiniste, à qui elle servait de paravent, car les Papus et autres mages noirs savent fort bien, eux, qu’ils ont affaire à Satan. La thèse gnostique nouvelle, que j’ai résumée tant bien que mal (elle est si diffuse !), est celle adoptée par Pike pour La légende du Kadosch du Palladium ; il paraîtrait que ce n’est pas la même qui a été adoptée par les Gnostiques Valentiniens. Il sera donc utile de connaître aussi celle-ci ; mieux que personne, M. Doinel pourra la dévoiler.

— I n’y a pas à faire grand cas des accusations portées par Jean Petit contre le duc d’Orléans (envoûtements, IIe vol. page 251) : ceci dit pour rendre hommage à la vérité historique.

— Je rappelle que les explications de M. Stanislas de Guaita, à propos de sa querelle avec M. Jules Bois, ont fait l’objet d’une note importante au IIe volume, page 613.

— Au même volume, page 724. parmi les délégués nommés par le congrès spirite de 1889, il faut lire Bouyer, au lieu de Rouyer ; en outre, ce Bouyer demeure à Figers. Une erreur de ponctuation et la mauvaise écriture de la personne qui avait recopié le document ont fait croire que Figers était un nom de délégué demeurant dans la Charente-Inférieure, et le dernier nom de délégué, n’étant suivi d’aucun nom de ville, on a pensé qu’il s’agissait d’un délégué ambulant, comme en ont les francs-maçons. C’était une erreur.