Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/6

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terroristes, nihilistes, etc. Je vais, de mon mieux, les passer en revue ; nous constaterons que de tels égarés, tout en se croyant athées, sont de vrais serviteurs du diable et les plus aveugles instruments de sa rage de destruction contre l’humanité.

Il convient de remarquer tout d’abord que les ancêtres dont l’anarchie se réclame sont tous des francs-maçons.

C’est, en premier lieu, Diderot.

Diderot appartient à la secte, et son œuvre capitale, l’Encyclopédie, est intimement maçonnique. Nous en trouvons la preuve dans un ouvrage du F∴ Papus, qui est chef d’un groupe important de maçons occultistes.

« Nous avons dit, écrit le F∴ Papus, que les faits auxquels s’attachent surtout les historiens n’étaient, le plus souvent, que les conséquences d’actions occultes. Or, nous pensons que la Révolution n’eût pas été possible si des efforts considérables n’avaient été précédemment faits pour orienter dans une nouvelle voie l’intellectualité de la France. C’est en agissant sur les esprits cultivés, créateurs de l’opinion, qu’on prépare l’évolution sociale, et nous allons donner maintenant une preuve péremptoire de ce fait.

« Le 21 juin 1740, le duc d’Antin, grand-maître de la Franc-Maçonnerie pour la France, prononçait un important discours, dans lequel était annoncé le grand projet en cours ; témoin l’extrait suivant :

« Tous les grands-maîtres, en Allemagne, en Angleterre, en Italie et ailleurs, exhortent tous les savants et tous les artisans de la confraternité à s’unir pour fournir les matériaux d’un dictionnaire universel des arts libéraux et des sciences utiles, la théologie et la politique seules exceptées On a déjà commencé l’ouvrage à Londres ; et, par la réunion de nos confrères. on pourra le porter à sa perfection dans peu d’années. » (Discours du duc d’Antin, 24 juin 1740).

« MM. Amiable et Colfavru, dans leur étude sur la Franc-Maçonnerie au xviiie siècle, ont saisi parfaitement l’importance de ce projet, puisque, après avoir parlé de l’English Cyclopedia de Chambers (Londres, 1728), ils ajoutent :

« Bien autrement prodigieux fut l’ouvrage publié en France, consistant en 28 volumes in-folio, dont 17 de texte et 11 de planches, auxquels vinrent s’ajouter ensuite cinq volumes supplémentaires, ouvrage dont l’auteur principal fut Diderot, secondé par toute une pléïade d’écrivains d’élite. Mais il ne lui suffisait pas d’avoir des collaborateurs pour mener son œuvre à bonne fin ; il lui a fallu aussi de nombreux et généreux souscripteurs, tant en France qu’à l’étranger ; il lui a fallu de puissants protecteurs. Comment les aurait-il eus sans la Franc-Maçonnerie ? »

« Du reste, les dates sont ici démonstratives. Le duc d’Antin prononçait son discours en 1740. On sait que dès 1741 Diderot préparait sa grande