Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/129

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Les maîtres des cérémonies lui apportèrent des vêtements sacerdotaux, qu’aussitôt il revêtit : une blanche tunique flottante, large, dans laquelle il se drapait majestueusement ; une coiffe égyptienne, et une couronne d’or sans autre ornement qu’une paire de cornes, aussi en or.

— Vaillants et illustres frères, dit d’abord le grand-maître officiant, nous venons de vaincre la mort ; nous allons à présent célébrer la vie.

Walder et Cresponi s’écartèrent, se tenant l’un à droite, l’autre à gauche, au pied des marches, et le grand-maître officiant monta à l’autel du Phénix ; puis, les bras ouverts, les mains étendues, après avoir baisé un pentagramme d’or déposé devant l’idole, il se retourna vers l’assistance et s’écria d’une voix forte :

« — Au nom de Moloch, qui te combat et te repousse, éloigne-toi d’ici, Raphaël !… Par la vertu d’Astaroth, qui triomphe de toi, disparais, Gabriel !… Par la puissance de Baal-Zéboub, ton éternel vainqueur, fuis de ce lieu saint, Mikaël… Et toi, Adonaï, dieu maudit, divinité des prêtres salariés qui prêchent ta superstition, nous t’opposons le Dieu Bon qui méprise tes vaines fureurs ; retire-toi, Adonaï, devant Lucifer !… Ave, Eva, ave, Isis !… Vade, Lilith, vade retro, Mirzam !… Jesus Bethlemitus maledictus sit !… Gloria tibi, Domine Lucifer, per ommia sæcula sæculorum !… Amen. »

Ce prélude, qui ce jour-là était une nouveauté pour moi, et que j’ai copié dans un rituel de théurgie, se dit, en réunion palladique, avant de commencer la parodie de la sainte Messe.

En effet, les frères du Palladium allaient procéder à une reconnaissance conjugale simiesque, accompagnée d’une messe diabolique.

Un singe et une guenon, dressés à ces abominations, furent amenés devant l’estrade de l’Orient ; ils représentaient les fiancés.

La messe parodiée était dite en anglais par le grand-maître officiant.

J’en citerai quelques passages.

« — Que notre Dieu, dont le nom est ineffable, unisse et bénisse notre frère et notre sœur. Sa puissance est éternelle, malgré la rage d’Adonaï. Heureux ceux et celles qui glorifient notre Dieu ! Ils n’ont pas l’orgueil, mais l’humilité. Ils savent que, dans la nature, tout se tient. L’animal primitif devient homme, quand le Tout-Puissant l’ordonne. Seigneur, étends ta protection sur tes deux créatures, qui sont ici au pied de ton autel. »

L’épitre fut une sorte de harangue, dans laquelle l’officiant exposait que le mariage indissoluble est une absurdité.

En guise d’évangile, autre discours, celui-ci allégorique, se terminant en ces termes :