Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/132

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du pentagramme, en lignes de feu ; ce phénomène demeura, pendant quelques secondes, visible au-dessus de nous, reflété de toutes parts par les miroirs incrustés dans la voûte et dans les murs ; puis, l’éblouissante signature luciférienne disparut, et les bougies se rallumèrent d’un seul coup, comme par enchantement.

— Notre hommage est agréé par le Dieu Bon, dit le grand-maître ; frères, ayons confiance ; nous triompherons de tous nos ennemis.

Il se releva, imité par les assistants. Le singe et la guenon, toujours à leur place devant la balustrade de l’orient, avaient répété tous ces divers mouvements.

Se retournant vers l’autel du Phénix où il déposa de nouveau le pentagramme d’or, l’officiant dit encore :

« — Jusqu’à la fin des temps, nous prierons notre Dieu.

« — Amen, répondit l’assemblée.

« — Nous le bénirons.

« — Amen.

« — Nous le glorifierons.

« — Amen. »

Puis, tous en chœur récitèrent le Pater luciférien, qui se dit en ourdou-zaban dans les aréopages palladiques de l’Inde, et que j’ai copié, à la bibliothèque du Directoire maçonnique de Calcutta, où il est transcrit en plus de cinquante langues dans un rituel spécial, richement relié.

« — Père bien-aimé, toi qui vis dans le ciel de feu, séjour de la gloire éternelle, le royaume des mondes finis et infinis t’appartient, et ton nom sacro-saint, terreur des superstitieux, traverse les siècles, béni par les initiés au cœur pur. Tu aurais pu depuis longtemps écraser la tourbe hypocrite des adorateurs d’Adonaï, les forcer au respect de ta divinité, et établir dans tout l’univers ton culte qui régénèrerait les nations ; mais tu es l’esprit, la sagesse et la raison, tu ne veux point t’imposer à la créature, tu laisses à l’intelligence humaine le soin de discerner la vérité, et tu as la patience de l’amour divin, réservant à ceux qui viendront à toi les trésors de ta miséricorde ; que ta sainte volonté soit faite !… Quant à nous, tes croyants fidèles, soutiens-nous dans la lutte que nous avons entre prise contre les blasphémateurs de ton nom sublime ; fais briller de plus en plus la lumière dans nos cœurs ; réconforte chaque jour nos corps et nos âmes, en nous assurant le bien-être de la vie matérielle et en nous, prodiguant la science qui engendre le progrès. Sois indulgent pour notre faiblesse, si nous négligeons parfois nos devoirs ; mais punis sans pitié toute trahison. Préserve-nous de la corruption des prêtres, détourne de nous leurs embûches, et délivre-nous à jamais d’Adonaï. Ainsi soit-il. »

Après cette profanation satanique de l’oraison dominicale, l’officiant