Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/191

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légère, qui, peu à peu aussi, se condense. On comprend le mécanisme de cette formation, quand on connaît cette porosité des murs et cette fluidité des démons, qui, malgré leur chute, sont des esprits, et qui ont la malice de prendre, aux yeux des spirites, la forme et la ressemblance des personnes évoquées. En leur qualité d’esprits, ils se faufilent, absolument comme la fumée, par nuages très subtils, que l’on aperçoit tout d’abord, et qui ensuite se tassent dès leur sortie de la paroi qu’ils viennent de traverser, c’est-à-dire dès qu’ils se retrouvent dans un espace libre.

Telle est l’explication donnée par la plupart des savants qui ont observé les phénomènes de spiritisme. Si ces observateurs sont des spirites, ils croient que les esprits qui traversent les murs sont vraiment ceux des personnes défuntes qui ont été évoquées. Si, au contraire, les observateurs sont des chrétiens, se guidant d’après les enseignements de l’Église, ils croient avec raison que ces esprits sont des démons jouant une comédie de ressemblance et trompant les évocateurs. Mais le fait lui-même, envisagé d’une façon ou de l’autre, n’en est pas moins constaté.

De la même façon, bien entendu, les esprits disparaissent à travers les murailles, une fois apparus.

Ce qui étonne les adeptes du spiritisme et les observateurs convaincus qu’il y a subterfuge de la part des démons, et aussi ce qui n’est pas encore expliqué, c’est le plus ou le moins de promptitude dans ces apparitions. Il est constant que des apparitions sont lentes, et que d’autres sont rapides ; toutes celles de Satan lui-même, connues, rapportées par des témoins dignes de foi (le R. P. Jeandel, l’abbé Girod, etc.), sont spontanées. Il faudrait en conclure que les démons sont classés par catégories d’esprits plus ou moins subtils. Les Pères de l’Église ne s’étant pas prononcés sur cette question, je la laisserai de côté.

Du reste, si j’ai tenu à pénétrer dans les antres du satanisme moderne, c’est pour pouvoir dire ce que j’ai vu, c’est pour être en mesure d’apporter mon témoignage ; car les lucifériens se gardent bien de raconter leurs abominables pratiques. Par conséquent, je rapporte fidèlement ce que j’ai découvert dans mon exploration d’un odieux monde inconnu ; je transcris mes impressions ; je fais part de mon avis sans prétendre l’imposer, et je me soumets d’avance à l’opinion infaillible de Rome. Ceci, je le déclare bien haut.

Je prie donc mes lecteurs de m’accorder le plus d’indulgence possible. Mon livre aura, du moins, une utilité. Un des prélats les plus distingués de notre siècle, Mgr Germain, évêque de Coutances, a écrit quelque part : « La plus grande habileté de Satan a été de se faire nier ; comment se défier d’un ennemi qui n’existe pas ? » Certainement, cette malice dia-