Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/251

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personne qui n’ait entendu parler de ce magnifique établissement des disciples de saint Ignace, dont la réputation est telle que les jeunes gens qui en sortent sont admis aux examens du mandarinat au même titre que les élèves des écoles indigènes.

Donc, c’est à Zi-ka-wei qu’est né Zi-ka, et cela vers le milieu du treizième siècle de l’ére chrétienne.

Qu’était ce Zi-ka ?

Ici les opinions divergent. Pour les uns, c’était un philosophe, une sorte de fakir, comme il s’en est rencontré tant et tant en Asie, à toutes les époques, un de ces prophètes de la superstition indienne qui ont apporté telle ou telle transformation dans le culte de Brahma. Pour les autres, pour les affiliés de la San-ho-hoeï, maçonnerie dite du Rite Céleste, le fameux Zi-ka était tout autre chose qu’un homme.

Nous sommes en plein domaine de la légende, je ne saurais trop y insister ; j’expose simplement le système des francs-maçons lucifériens chinois. Cette légende de Zi-ka fait partie du dogme de la San-ho-hoeï.

Tcheun-Young, tel est le nom sous lequel les sectaires désignent leur divinité, dans leurs assemblées secrètes. Selon eux, la divinité est double ; mais, il y a le dieu supérieur, le dieu bon, le dieu de lumière, l’esprit suprême du feu, qui est Tcheun-Young, architecte et centre de l’Univers, et il y a, contre celui-ci, le combattant de toute éternité, le dieu inférieur, le dieu mauvais, le dieu des ténèbres, l’esprit suprême de l’eau, roi des abîmes infernaux, le diable, en un mot, et ce diable divin n’est autre que le dieu des chrétiens, « le dieu-diable des étrangers », selon l’expression favorite des Chinois. Littéralement, le nom de Tcheun-Young signifie : l’Invariable Milieu. Et c’est ainsi que le dieu supérieur est toujours en guerre avec le dieu-diable, chef des mauvais esprits.

On le voit, le Dieu des mystères de la franc-maçonnerie chinoise, Tcheun-Young n’est autre que Lucifer, c’est-à-dire Satan déifié ; aucune erreur d’interprétation n’est possible, attendu que, toujours selon la légende chinoise, le dieu-diable a eu pour fils un cochon nommé Yé-su, nom qui est la prononciation exacte du mot « Jésus » dans la langue nationale du Céleste-Empire, cochon qui meurt mis en croix.

Or, de même que, dans le palladisme, le Dieu-Lucifer a pour prince de ses milices Baab-Zéboub ou Belzébuth, de même, chez les sectaires de la San-ho-hoeï, le dieu Tcheun-Young a immédiatement au-dessous de lui, comme général en chef de ses armées célestes, le génie Zi-ka. Mais, là où la légende chinoise copie, avec un travestissement grotesque, notre religion, c’est lorsqu’elle fait jouer à Zi-ka, vis-à-vis de Tcheun-Young, un rôle analogue, du moins en partie, à celui de l’archange Luc-