Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/315

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avec l’anneau. Si M. Rosen avait seulement vu la première page du Lexicon of Freemasonry, il aurait su que cet important ouvrage maçonnique a pour auteur, non pas l’ingénieur Albert-Georges Mackey, mais son oncle le docteur Gallatin Mackey, que j’ai eu l’avantage de connaître personnellement à Charleston, environ trois mois avant sa mort.

Tout ce qui précède prouve que la franc-maçonnerie, quand elle y a intérêt, dupe et berne même des adeptes à qui elle a confié le 33e degré ; qu’elle se sert d’eux, tandis qu’ils s’imaginent se servir d’elle ; qu’elle leur laisse ignorer ce qu’elle juge qu’ils ne doivent pas savoir ; et cela prouve aussi que, lorsqu’on entreprend, ayant été franc-maçon, de publier des révélations sur la franc-maçonnerie, il faut, afin de ne commettre aucun impair, être bien sûr d’abord d’avoir été partout, et ensuite ne livrer à la publicité, en fait de documents, que ceux dont on a tenu soi-même les originaux entre les mains : car les copies faites par d’autres, même chèrement payées, sont souvent fort infidèles, les chefs de la haute maçonnerie ne communiquant exclusivement que ce qu’ils ont décidé devoir ne plus être gardé secret.

Cela dit, je rappelle à mes lecteurs que le critérium infaillible au moyen duquel ils reconnaîtront si tel ex-franc-maçon a été un vrai initié, consiste à l’interroger sur l’existence du palladisme, des sœurs maçonnes et des ultionnistes. S’il ignore, c’est que, pendant son passage dans la secte, il a fait partie de la catégorie des nigauds et des dupés. S’il nie carrément, au lieu de dire simplement qu’il ne sait pas, alors méfiez—vous ; votre ex-franc-maçon n’est pas aussi démissionnaire qu’il le prétend ; il joue encore un rôle ; il capte votre confiance, en vous faisant croire qu’il abomine ses anciens collègues trois-points ; il est encore avec eux, et c’est vous qu’il trompe ; il sert les autres contre vous, en ayant l’air de vous donner des gages de son retour au bien ; c’est un pseudo-faux-frère ; méfiez-vous, cette espèce-là est encore la plus dangereuse de toutes.


À partir de maintenant je ne vais plus suivre l’ordre chronologique dans mon récit.

La première partie de cet ouvrage devait être nécessairement comme je l’ai écrite, c’est-à-dire un compte rendu d’exploration ; il s’agissait de donner au lecteur un aperçu du satanisme contemporain ; il fallait lui faire partager toutes mes surprises, dans l’ordre même où elles se sont présentées à moi. Il était indispensable de montrer telle quelle cette succession de circonstances providentielles qui m’ont permis d’aller droit au luciférianisme maçonnique sans perdre mon temps aux bagatelles de la porte.

On aura remarqué comme tout s’est merveilleusement enchaîné dans