Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/355

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dresse les tableaux qui les résument, rite par rite et pays par pays, et enfin rédige un rapport en triple exemplaire : un pour le Souverain Directoire Administratif, un pour le Souverain Directoire Exécutif, un pour le Suprême Directoire Dogmatique.

Dans ce rapport, il fait ses observations d’homme compétent pour signaler les améliorations à apporter, s’il y a lieu, dans la gestion des finances de tel ou tel pouvoir maçonnique, de tel rite et de tel pays ; il donne des conseils pour un meilleur emploi des fonds, quand il lui paraît qu’on a eu tort d’exagérer telles ou telles dépenses, ou qu’on a négligé tel ou tel mode de recettes. Il est donc surtout un expert apportant ses conseils aux divers pouvoirs de chaque rite et présentant en même temps aux chefs suprêmes l’état annuel de la situation générale.

Par commodité, le délégué aux finances a toujours été choisi parmi les frères haut-gradés habitant Berlin ; mais, aux termes du décret d’Albert Pike instituant le Souverain Directoire Administratif, cette condition de domicile dans la capitale prussienne n’est pas indispensable.

En ce qui concerne les membres dudit Directoire, délégués par chaque pouvoir maçonnique à tour de rôle, ils sont désignés au moins cent-vingt jours à l’avance, et ainsi ils prennent leurs mesures afin de simuler, au moment voulu, un voyage d’agrément ou un congé quelconque, quand ils vont en réalité s’occuper des hautes affaires de l’association.

J’ai dit, — et le lecteur l’aura certainement remarqué, — que le Rite Palladique n’a pas son tour dans le roulement par lequel est établi le fonctionnement du Souverain Directoire Administratif ; et c’est bien là ce qui prouve, une fois de plus, que le Palladisme est superposé à tous les autres rites. Il est la religion luciférienne ; en fait d’administration, il n’a à s’occuper que de celle de ses triangles, qui ont un budget à part. Il est la véritable puissance cachée, que seuls les parfaits initiés, les vrais élus doivent connaître ; il n’a donc pas à se dévoiler même dans ce comité permanent qui est la plus haute expression de la puissance administrative de la grande association internationale. Il ne faut pas perdre de vue que, dans le nombre des puissances maçonniques de plusieurs pays, se trouvent des Grandes Loges Symboliques, c’est-à-dire des fédérations d’ateliers où l’on ne dépasse pas le grade de Maître (3e degré) ; ces Grandes Loges-là, comme les autres, ont le droit d’envoyer, de temps en temps, leurs deux délégués à Berlin ; or, ces fédérations, ayant supprimé les hauts grades pour leurs adeptes, doivent forcément être tenues dans l’ignorance la plus complète de l’existence du Palladisme ; les chefs suprêmes de Charleston et de Rome leur sont représentés tout uniment comme des frères très zélés et très actifs, que l’on se fait un devoir de consulter à raison de leur expérience personnelle, mais voilà tout.