Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vie la plus active. De cette époque jusqu’à nos jours, il y a un registre par semestre : le n° XXXVII allant de mars à fin août 1857 ; le n° XXXVIII, allant de septembre 1857 à fin février 1858 ; et ainsi de suite. Le registre du Livre d’Or en cours de rédaction, au moment où j’écris ces lignes (mars 1893), est donc le Registre CIX.

Je demande pardon au lecteur de lui donner ces détails ; les explications, portant sur des numéros, des années et des chiffres, sont toujours arides ; mais on reconnaîtra qu’elles sont indispensables.

Si le gouvernement des États-Unis veut édifier, une bonne fois, le monde entier sur certaines pratiques de la franc-maçonnerie, il n’a qu’à faire opérer une saisie aux archives du Suprême Directoire Dogmatique, à Charleston. Au besoin, que le chief-justice de la haute cour fédérale se fasse remettre seulement le Registre n° X du Livre d’Or du Rite Écossais (juridiction Sud), et il verra tout au long l’affaire Morgan. Je n’expose personne à être pendu ni à aller s’asseoir dans le fauteuil à électricité foudroyante, puisque tous les bourreaux du malheureux journaliste révélateur sont morts et enterrés depuis longtemps. Par conséquent, toute la presse, même la presse maçonnique, devrait faire chorus avec moi et réclamer l’exhibition du Registre n° X. Car, enfin, je suis loin de dire que tous les francs-maçons sont des scélérats. Je reconnais volontiers que quatre-vingt-quinze sur cent sont de très bonne foi, et que, s’ils n’éprouvent aucune sympathie pour le catholicisme, du moins ils sont naïvement convaincus que pour combattre l’Église leurs chefs se bornent à une simple propagande par la parole et par l’imprimé. Il y a, même parmi les Inspecteurs Généraux et les Inspectrices Générales en mission permanente, des aveugles qui ne voient pas le rôle qu’on leur fait jouer, des gens qui ne tueraient pas une mouche, des Ratons, en un mot, qui tireront éternellement les marrons du feu pour les Bertrands. Eh bien, tous ceux-là ont le droit, autant que nous catholiques, de savoir ce qui se passe dans ces réunions où on ne les laisse pas entrer sous prétexte qu’ils ne sont pas encore mûrs ; on les berne, en les dupe, le Saint-Siège et les évêques le leur crient sur tous les tons. Voilà une occasion, enfin, de savoir officiellement un peu à quoi s’en tenir.

Je dis, moi, qu’il existe, au Suprême Conseil de Charleston (archives du Rite Écossais), un Registre n° X du Livre d’Or, se rapportant en grande partie à l’année 1826 depuis le 1er juin. Je dis que ce registre contient le dossier complet d’un des plus abominables crimes qui aient été commis sur le globe. Je dis que cette procédure commence à la page 27, finit à la page 345, et est intitulée : « Procédure extraordinaire suivie sur la plainte de la Loge le Rameau d’Olivier, de Batavia (New-York), et après l’avis d’urgence donné par le Parfait Conseil de Rochester. » Je