Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/438

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rappela, notamment, le rôle particulièrement odieux pendant la guerre de la Sécession.

Encore le général Phelps, tout en attaquant personnellement Pike, se plaçait au point de vue de l’intérêt général. Le docteur Gorgas, lui, était plus un ennemi qu’un adversaire.

Gorgas est un 33e et le souverain grand-commandeur d’un rite écossais dissident, connu en Amérique sous le nom de Rite Cernéau. Cette branche de la maçonnerie universelle ayant refusé de se soumettre à la direction et aux exigences pécuniaires du chef suprême de Charleston, celui-ci excommunia les récalcitrants ; ils tinrent bon contre l’anathème, créèrent à New-York un Suprême Conseil schismatique, et ce fut dès lors une guerre à mort.

Si l’on est curieux d’avoir un spécimen du style d’Albert Pike, lorsqu’il lançait ses foudres contre les rebelles, on lira les passages suivants de sa circulaire du 15 septembre 1887 ; il est facile de voir qu’au fond de cette grande querelle il y a surtout une question de métaux :

« Chacun des groupes du Cernéauisme, écrit Pike, a pour chef un apostat ; chacun a des émissaires qui parcourent le pays, vendant de prétendus grades, pour quelques dollars ; chacun emploie les mêmes procédés honteux, les mêmes moyens vils, méprisables, malhonnêtes, dans le but d’accroître le nombre des adhérents au schisme…

« … Il n’y a jamais eu, dans l’histoire du monde, une imposture à plus méprisables prétentions que ce Cernéauisme bâtard, plus éhontée, issue de motifs plus sordides, plus absolument dénuée de tout droit à la moindre considération, à desseins plus ignobles. Jamais le giron de la Maçonnerie n’a abrité une imposture plus sûre d’attirer sur l’Ordre l’opprobre et le mépris universels.

« Il n’y a jamais eu à aucune époque coquinerie, escroquerie, tromperie, soutenue avec pareille audace, pareille impudence, pareille profusion, pareille persistance dans le mensonge ; car c’est un mensonge continu, inépuisable. Et, même en se prétendant le Cernéauisme, il ment ; car il n’en est qu’un bâtard et un rebut. Le monde n’a jamais vu spectacle plus honteux, plus scandaleux que la conduite, les intrigues, les expédients et les manœuvres dont ses souteneurs écœurent et dégoûtent les amis de la décence.

« Notre Suprême Conseil de Charleston a, par ses publications, fait un exposé complet de cette vile imposture et démontré la bassesse de ses mensonges. Il vous confie ces travaux, très chers et illustres frères, et vous demande de les remettre, spécialement les deux dernières publications officielles, à nos propres frères et à des Maîtres désireux de connaître la vérité, mais aussi à ceux qui, ayant embrassé le Cernéauisme,