Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/476

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employé civil, à Palerme ; chevalier Giuseppe Pessina de Marinis, à Naples.

N’oublions pas que le grand hiérophante Giambattista Pessina a décerné le titre de grand-maître honoraire du rite et grand protecteur du Souverain Sanctuaire de Naples au sieur Achille Laviarde, se disant Sa Majesté Achille Ier, roi d’Araucanie et de Patagonie, successeur de M. de Tonneins, aventurier et toqué célèbre, dit Orélie-Antoine Ier. En attendant que ses sujets veuillent bien se civiliser et l’inviter à monter sur son trône, dans lequel il n’a jamais eu encore le plaisir de s’asseoir, Achille Ier demeure modestement boulevard Rochechouart, 110, à Paris. Si vous avez la curiosité de voir le monarque araucanien et patagon, voilà l’adresse ; c’est au second au-dessus de l’entresol ; mais ne vous trompez pas de porte, car la porte en face est celle de l’appartement occupé par une demoiselle professeur de danse excentrique pour les habituées du Moulin-Rouge.


En voilà assez sur l’illustre et puissamment grotesque Giambattista Pessina, du moins pour le moment. Il ne faut pas que le plaisir de lui montrer que je le connais mieux qu’il ne me connait, moi, m’entraîne à des digressions ; trop prolongées, elles feraient perdre à cet ouvrage son véritable caractère. Mais il n’était pas inutile de dépeindre un bonhomme si splendidement ridicule, au milieu de tout ce monde mystérieux de conspirateurs et de lucifériens fanatiques. Du reste, il ne faut pas oublier que le grotesque est un des signes du satanisme. Les sectateurs du prince des ténèbres, ayant perdu le sens du vrai et du beau, se vautrent et plaisir dans l’absurde, dans le stupide, dans le laid, dans toutes les hideurs de l’horrible, tantôt effrayant, tantôt grotesque. Ce n’est pas parce que Pessina prête à rire, qu’il cesse d’être un conspirateur et un pratiquant de l’occultisme.

Ici, dans ce chapitre, j’ai conduit le lecteur sur le théâtre de la grande lutte engagée par Satan contre l’Église catholique romaine, et j’ai fait défiler quelques-uns des chefs qui ont joué récemment ou qui jouent encore un rôle militant ;

Dans un autre chapitre, je montrerai l’action engagée. Je ne me contenterai pas, moi, de donner, d’après un bulletin officiel où n’est imprimé que ce que Lemmi veut laisser mettre et ce qu’il arrange à sa guise, les résolutions votées par le congrès maçonnique de Milan (du 28 septembre au 9 octobre 1881) et confirmées par l’Assemblée constituante de l’Écossisme italien, dans sa séance du 2 juin 1882. Je dirai comment, sous quels chefs de groupes, par quels moyens, a été mis à exécution, notamment, l’article 10 des résolutions de la secte, concernant l’organisation spéciale