Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/510

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coup, d’un autre côté, cela est évident. Tandis que l’Afrique, jadis sous les flots, se soulevait avec son immense fond sablonneux pour devenir un continent, à son côté ouest, entre elle et l’Amérique, un autre continent, qu’Hoëckel appelle l’Atlantide, s’affaissait pour jamais au fond des mers.

Que le fait ait eu lieu, que la catastrophe se soit produite à un moment donné de l’époque primitive, cela n’est point douteux. La cause, ou plutôt l’explication de la cause, crée seule une discussion.

Pour les matérialistes, la cause est dans le hasard, dans le jeu des forces naturelles uniquement, dans le fait d’un refroidissement local et partiel d’une zone encore mal solidifiée de l’écorce terrestre ; pour les vrais savants, qui sont en même temps vrais croyants, — et ce sont les plus nombreux, — les origines de ce formidable bouleversement doivent être recherchées plus loin et plus haut.

Du côté de l’Asie, des vestiges d’une civilisation gigantesque, hors de toute proportion avec ce que peut concevoir quelqu’un n’ayant jamais voyagé par là, existent : il y avait donc la, comme indigènes, une race gigantesque aussi, dont les débris monumentaux laissent bien loin derrière eux ceux des peuples du nord de l’Afrique, qui cependant nous étonnent avec leur sphinx, leurs pyramides, et qui n’étaient que des pygmées auprès des Khmers.

C’est au Cambodge et dans le royaume de Siam que subsistent les derniers restes de cette civilisation étrange et d’un diabolisme incontestable. Enthipat (la cité d’Indra) attire, plus que toute autre ville ruinée, les explorateurs archéologues ; elle est située dans la province de Siem-Réap, au royaume de Siam, à un kilomètre et demi de la rivière Angkor ; d’où elle est appelée aussi Angkor-Thom. L’enceinte extérieure d’Enthipat est de forme exactement carrée et parfaitement orientée aux quatre points cardinaux ; il en est, du reste, ainsi de tous les édifices khmers ; cette muraille d’enceinte a 14 kilomètres et demi de tour, et elle est entourée d’un fossé large de 120 mètres. On y entrait par cinq portes ornées de tours et de nombreux motifs de sculptures, et précédées chacune d’un pont avec parapets formés de géants accroupis qui soutiennent la longue croupe d’Aminta, le roi-serpent, terminé antérieurement par sept têtes rayonnant en éventail. Une de ces portes est assez bien conservée ; c’est la porte des Morts qui conduit au temple de Baïon, disposé en une croix exactement de la forme qui a été de tout temps adoptée par les lucifériens ; au centre de la croix est le sanctuaire, surmonté de plusieurs tours, dont huit encadrent la tour centrale, œuvre capitale, autrefois complètement dorée ; cette tour porte à 50 mètres au-dessus du sol une énorme fleur de lotus qui la termine et qui semble ainsi avoir poussé