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Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/512

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minable contre-religion qui s’est transmise de génération en génération, et que j’ai pu voir de si près, entièrement restaurée à notre époque ?

Quel crime inouï, exécrable parmi les plus exécrables, a été commis, qui a lassé la patience divine et appelé le châtiment ? Personne au monde ne le sait, et l’on en est réduit à des conjectures. Pour ma part, en considérant la faune et la flore diaboliques des sommets qui surnagent de ce continent disparu, j’incline à penser que Satan, régnant en souverain maître dans cette région, a voulu dénaturer l’œuvre du Créateur, la refaire à sa manière ignoble, grotesque et horrible, et que Dieu alors a appuyé sa toute-puissante main sur ce monde dénaturé et l’a enfoncé ainsi au fond des abîmes, n’en laissant émerger que quelques spécimens, afin que l’observateur croyant et fidèle puisse constater le cataclysme, en étudier les résultats et en comprendre la cause.

Mais si, en ce qui concerne le côté Est, les restes échappés à la catastrophe sont suffisants pour accueillir favorablement l’hypothèse que je viens de dire, par contre il n’en est plus de même pour le côté Ouest ; de l’Atlantide, il ne reste plus rien qu’un vague souvenir. Qu’était ce continent ? quelle race l’habitait ? Autant d’inconnues difficiles ou même impossibles à dégager.

Quelques îles éparses, apparent rari nantes dans le vaste Océan, quelques débris, tels que les Antilles, ramassés comme des râclures dans le golfe du Mexique, indiquant, par leur chapelet dénonciateur, l’existence de hauts sommets de cet autre monde englouti, sont les seuls témoignages du second cataclysme, ainsi que les fonds presque insondables de ces parages ; car ces profondeurs de 5,000, 4,000 et jusqu’à 7,000 mètres, disent aussi qu’un engloutissement, qu’une dispersion, qu’un trou s’est brusquement effectué là.

Des recherches toutes récentes, des coups de drague hardis, pratiqués dans ces abîmes, en ont fait sortir et ont mis au jour des monstres inattendus : ce sont des protozoaires, des cœlentérés, des entéropneustes, des bryozoaires, des mollusques et des crustacés de formes compliquées et bizarres, enfin des poissons, dont le dessin de la page 497 donne une idée. Tel est le malacostens niger, dont la couleur est noir velouté, dont la bouche énorme est armée de longues dents acérées, et dont la tête et le corps portent des plaques électriques émettant, les supérieures une lumière jaune, les inférieures une lumière verte ; tels sont d’autres poissons du fond des abîmes, également lumineux, comme les eustomias, parmi lesquels l’eustomias-boa, les astronechtes et les chauliodes, animaux jusqu’à présent ignorés et qui se servent à eux-mêmes de falot pour se guider dans l’épaisse obscurité des dernières profondeurs océaniques. Que dire enfin de l’eurypharynx ou du mélanocetus, monstres